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3 novembre 2016 4 03 /11 /novembre /2016 16:44

J'avais publié le 09/10/2013, un article déjà intitulé                                                       "HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI".

Avec Jean Claude PICOLET nous nous sommes posé la question de savoir s'il fallait compléter cet article, ou en écrire un nouveau.

D'un commun accord nous avons privilégié cette dernière solution pour rendre l'article plus visible pour les lecteurs;

          Michel.

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI

Sur le blog de Michel a été publié, le 1/12/2008, un historique du 22e RI depuis sa création le 22 mai 1956 à Sathonay dans l'Ain jusqu'à son installation en Algérie. Mais, il est peu fait état du 1er bataillon dans cette aventure.

Il est vrai que cette unité a toujours vécu à part de son régiment et à même eu une fin inattendue. Aussi, j'ai décidé d'effacer cet oubli en ne me limitant pas à la simple énumération de quelques dates et de quelques faits des débuts.

INSTALLATION EN AFN.

Le 1er bataillon a été créé lui aussi le 22/05/1956. Je pourrai dire ressuscité car il descend d'une ancienne et glorieuse lignée. Sa constitution est intervenue au camp de la Fontaine du Berger sur le territoire d'Orcines, une commune toute proche de Clermont-Ferrand. Il n'était composé pratiquement que de "rappelés". Mais pourquoi des rappelés ?

Quand il a été décidé d'envoyer en Algérie pour a -t-on dit à l'époque, maintenir l'ordre, les besoins étaient importants. Les moyens étaient eux insuffisants. Et il était hors de question d'envoyer tous les appelés sous les drapeaux puisque nombre d'entre eux n'avaient aucune formation militaire et ne savaient qu'à peine tenir un fusil. Comme par ailleurs ce n'était pas une guerre, il était impensable de procéder à une mobilisation. C'est, je pense, pour cette raison, que l'on a rappelé ceux qui parfois venaient tout juste d'être démobilisés et qui, théoriquement pouvaient combattre.

Il va sans dire que cette décision ne rencontra pas l'adhésion des intéressés. Ils étaient donc contre, d'autant qu'il n'était pas question de défendre notre territoire. En général, l'ambiance dans les unités était mauvaise et l'indiscipline notoire y compris pour les mesures de sécurité. Ce qui contribua sans aucun doute à des pertes importantes.

Quoiqu'il en soit, le 31/05/1956, l'effectif du bataillon s'établissait à 820 militaires dont 33 officiers, 115 sous officiers et 672 hommes de troupe (source JMO du 1/22 comme la quasi totalité des informations de cet article).

Le 15/06, le bataillon quitta le camp pour la gare d'Issoire à une trentaine de kilomètres au sud de Clermont-Ferrand. Un train spécial gagna Marseille pour le camp Sainte Marthe. Et le 16, il embarqua sur le "Ville d'Oran" qui leva l'ancre à 12 H destination Alger.

Le débarquement commença à 7 H et la troupe gagna le camp du 1er REP à Zéralda où elle cantonna jusqu'au 22. Ce jour-là, des camions transportèrent le bataillon à Paul Robert, une ville proche d'Orléansville. Le voyage dura de 8 H à 19 H. Un bivouac l'attendait.

Le 1/22 RI, comme tout le régiment d'ailleurs dépendait de la 9ème DI constituée pour la circonstance en mai. Son PC sera définitivement installé à Orléansville le 1/09/1956.

Le 7/07, le bivouac éclate. La 1ère compagnie demeure sur place mais la 2 gagne Rabelais. Le 8, la 3 rejoint Masséna et le 9 la 4 s'installe à Fromentin. Enfin le 10 le PC du bataillon et la CCAS cantonnent à Charon. Opération implantation terminée. Et du 27 au 30/07, le 1er bataillon participe à sa première opération (dénommée opération 301) dans la région de Miliana, à l'Est dans la zone de la 9ème DI

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI

MOUVEMENTS DE TROUPES

Pour le 1er bataillon, la farandole commence parfois avec des mouvements apparemment aberrants. Le 3/07, la 4e compagnie quitte alors Fromentin pour Bois Sacré (Gouraya). Elle remplace celle qui occupe les lieux, en renfort du 3ème bataillon, depuis le 11/07, à savoir la 6ème du 2ème bataillon dont le PC est à Montenotte depuis son arrivée en AFN et qui regagne son unité.

Arivent également, la 1ère compagnie à la ferme Maître près de l'embouchure de l'oued es-Sebt et la 2ème également à Gouraya. Puis, le 3/08, la 2ème et la 4ème partent pour Loudalouze afin de laisser la place au PC du bataillon et à la CCAS au Bois Sacré. Ils n'en bougeront plus.

Mais la 3ème "débarque" elle aussi à Gouraya le 6/08 pour filer le 10 à Tighret. Et le 11, la 1ère déménage pour Loudalouze poussant la 4ème vers Villebourg le 18.

Le 1er bataillon étant maintenant regroupé, son quartier est délimité. Il comprend la commune de Gouraya et les douars de Bouhlal et de Andak. Mais les mouvements continuent avec le transfert de la 2ème à Bouyamine.

Suit une période de calme sur le terrain mais l'organisation militaire s'affine avec la création de la zone nord de la 9ème DI. Tout d'abord la création du secteur de Cherchell en août parachève le détachement du 1/22 de son régiment qui va vivre en autonomie  jusqu'à sa fin. Puis, le 1/10, le colonel Rieutord, patron du 22e RI depuis le 16/09, est nommé également commandant du secteur de Ténès qui vient d'être créé.

L'intensité des mouvements de troupe diminue notablement. Elle se résume à des ajustements. Comme la mise en sommeil, le 1er décembre de la 4ème compagnie dont les effectifs sont répartis mais qui sera néanmoins réactivé le 25/02/57 pour s'installer à la ferme Maître. Ou encore la 3e qui quitte Tighret le 5/12 en laissant une section derrière elle pour gagner Villebourg puis Dupleix le 23. Cette section sera d'ailleurs relevée le 30/02/57 par une autre section de cette compagnie, la 2ème. Ou enfin comme le regroupement, à Loudalouze, le 15/02 de toutes les sections de la 1ère.

Il n'empêche que sur le terrain les mouvements se multiplient pour couper le FLN de la population, car comme cela a été dit en plagiant Mao Tsé-Toung, "les fellaghas sont dans la population comme un poisson dans l'eau". La réponse fut simple : "enlevez l'eau". D'où des regroupements de population, la multiplication des petits postes du "Quadrillage", la création des GAD.

Mais un problème majeur demeurait, celui des effectifs. En Algérie, celui du 1er bataillon était passé de 850 hommes à 1150 avec les renforts pour retomber à 590 après le départ des rappelés; Et que dire de l'encadrement ramené de 36 officiers à 14 et de 143 sous officiers à 44. Une calamité !

Or si on pouvait demander pour ceux-ci un effort aux centres de formation, notamment à l'école d'EOR de Cherchell, pour les hommes de troupes, les classes "creuses" arrivaient car correspondant à la mobilisation de 1939 pour la "Drôle de guerre" puis le flot des prisonniers en 1940. Et rien ne pouvait être envisagé avant le "baby boom" de la paix retrouvée. Il fallait donc faire appel en masse aux supplétifs. Ainsi, à la 1ère compagnie de Bou Zérou, si l'effectif était de 120 hommes environ fin 1960, les militaires de carrière et les appelés ne représentaient que 25% de l'ensemble. Le reste, mis à part quelques rares engagés ou appelés FSNA, était composé de harkis originaires pour la plupart de 5 ou 6 douars du Sous-quartier de Bou Zérou. Fort heureusement pour nous, les volontaires ne manquaient pas.

Il restait le secteur sud-est à contrôler. Aussi il a été décidé de construire un poste pour la 1ère compagnie. Les travaux commencèrent mi-1957. Bou Zérou était né. Le 9/09/57, la compagnie quitta Loudalouze pour venir s'y installer et on regroupa toute la population de l'oued Kebir sous sa protection. Et la 1ère section, après réaménagement des lieux, releva à Tighret celle qui s'y trouvait.

La mise en place était maintenant terminé et les unités pouvaient se consacrer à leur principale mission.

Puis brusquement, contre toute attente, le 1/22 fut dissous le 31/10/1961. Somme toute une mesure logique compte tenu de sa situation ambiguë. Mais pourquoi avoir attendu cinq années pour y procéder.

 

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI

LE 146è RI

CONSTITUTION

Dans les faits, le régiment absorba 3 entités particulières. Le 1/22 RI tel que nous l'avons connu, le 2/22 RI, implanté à Marceau qui devait se trouver dans la même situation et la compagnie commando de chasse du 146è BI qui en deviendra la 8ème compagnie. Mais on peut avoir l'impression que rien ne changea, si ce n'est l'appellation. Au moins pour le 1/22, on retrouve les mêmes hommes aux mêmes endroits et exécutant les mêmes missions. J'ai même l'impression que personne ne remarqua le changement de statut. La meilleure preuve, personne n'en a parlé.

Dans son interview, J-P Brésillon ne l'évoque pas, bien qu'il ait quitté Bou Zérou en décembre 1961. Et il n'en parle pas dans ses articles publiés par Historia Magazine. Et son fils que j'ai rencontré n'en a pas eu connaissance.

L'instituteur civil qui officiait à Bou Zérou avec lequel je suis en contact semble l'ignorer. Il était pourtant sur place début octobre 61 jusqu'en mars 62. Il est vrai que c'était un civil mais comme il prenait ses repas avec les sous officiers, il aurait dû en entendre parler. Mais en ont-ils parlé ? Et les documents remis qui ont été publiés sur le blog (le faire part du père cent) indiquent toujours le 1/22 pour une fête qui s'est tenue le 12/11. Mais peut être ces documents ont été imprimés ou pour le moins commandés avant la date fatidique.

Mais le plus curieux, c'est le sous-lieutenant Serge Laethier, je l'ai connu à Bou-Zérou et il m'a rejoint au 93ème RI au camp de Frileuse début mars 62. Nous nous sommes rappelé des souvenirs, il m'a donné des nouvelles du "front", mais jamais il ne m'a dit qu'il n'y avait plus de 1/22 RI. Sinon cette nouvelle m'aurait frappé et je me la rappellerai alors que je l'ai apprise récemment le JMO de ce bataillon.

Le comble de l'ironie est atteint avec Raymond Personnaz, un témoin (dont nous reparlerons plus avant) affecté au 1/22 RI en septembre 1961 qui ignorait cette transformation. Quand je le lui ai apprise, il s'est précipité sur son livret militaire. Son départ de l'armée comportait bien un cachet administratif du 146è RI.

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'information circule difficilement dans les unités. Quand elle circule.... Ce qui ne me surprend pas d'ailleurs. J'ai découvert il y a quelques années dans les archives de Vincennes, en consultant les ordres de Bataille, des citations accordées à certains de mes hommes et à un chef de GAD qui marchait souvent avec moi en opération alors même que j'étais encore en poste. Aussi, plus rien ne m'étonne. On ne m'a jamais demandé mon avis. Et je n'ai jamais pu les en féliciter.

Quoiqu'il en soit, le 146ème RI a bien existé et son premier commandant en fut le colonel de Lassus Saint-Geniès par ailleurs commandant du secteur de Cherchell. Pour peu de temps puisqu'il a quitté ses hommes le 19/11/61. Le 1/22 devint le groupe de compagnie n° 1 du 146ème RI avec le commandant Ledoux à sa tête.

ACTIVITE

Jusqu'au mois de février 1962, le JMO de (l'ex 1/22) rapporte des faits tels que précédemment. Si ce n'est la suppression du convoi Francis Garnier Ténès le 25/12/61. Une page a été tournée. Ce fut le commencement de la fin. Et l'année 1962, dès le mois de février, se présenta mal. Comme si le résultat des accords d'Evian était connu. En fait, on n'en attendait rien car on savait que nous étions prêt à tout lâcher pour nous sortir au plus vite de cette situation. 

Le 12/02/62, ce fut le démontage de Tighret et de la tour radio de 844 et le repli sur Bou Zérou. Ce poste avait dû remplir son rôle puisqu'il était haï. Ce qui lui valu d'être saccagé le 11/03. Et peut-être par des civils. Le 6/03, nous abandonnâmes Sidi Yahia et Beni Hatteta.

Et le fin du fin, le 20/03 nous abandonnions le poste de Bou Zérou à la 2eme batterie du 43e RA, une unité de la nouvelle Force Locale en lui laissant les matériels divers heureusement usagés ainsi que les bâtiments. Une note de la hiérarchie précise même que tout doit être remis en excellent état, "pas même un carreau de cassé" était-il précisé. Le 22/03, nous agissions de même pour Bouyamine et Dupleix.

Ce qui, bien évidemment, entraina le désarmement des GAD de Bou Zérou le 24/03 comme ceux par ailleurs de Sidi Salem, de Béni Hatteta et d'Iril Ourzou. Néanmoins nous avons continué à administrer nos harkis.

Et le retrait se poursuivit. Le 5/04 Bou Zérou fut définitivement abandonné. De même que Loudalouze. Et le 20 ce fut le tour de Villebourg. Le quartier de Gouraya rétrécissait comme une peau de chagrin.

Mais comme nous l'a dit Jacques D, notre instituteur de Bou Zérou, présent sur place à cette époque, vraisemblablement en sous main, la 1ère compagnie a pris la précaution de largement approvisionner le GAD de Larioudrenne en armes, munitions et grenades car il lui fallait des moyens pour éviter d'être exterminé.

Donc, exit la 1ère compagnie qui n'a plus d'activité. Depuis le 3/04, elle est devenue, comme prévu aux accords, Compagnie cadre de la Force Locale théoriquement basé à Villebourg mais en fait au Bois Sacré comme l'a indiqué JD. Après l'l'évacuation de Villebourg, la 1ère compagnie n'est plus retenue dans la Force Locale et le 21/04, elle part s'installer au Chenoua-Plage, un site touristique très connu et très prisé du Chenoua, djebel situé à l'est et près de Cherchell.

Comme je l'ai dit, le JMO du GCN° 1 est correctement tenu jusqu'aux accords d'Evian. Si ce n'est que les opérations diminuent pour finalement disparaître. An contraire des désertions avec armes de Harkis, de GAD, d'Appelés FSNA qui elles progressent. Les "ralliés" habituels de la 25ème heure.

A compter du 19/03/62, la teneur change. On ne rapporte plus que les distributions de tracts (FLN mais aussi OAS), les vols, les braquages, les pillages, les dégradations sur les bâtiments et surtout les personnes éxécutés parfois non identifiées, souvent mutilées, que l'on découvre dans des sacs, des caisses et commises par le FLN voire l'OAS. Chaque fait est rapporté brièvement mais avec précision dans le plus pur style militaire adéquat. C'est effroyable ! Incroyable !

A compter du mois de mai, les rédacteurs du JMO, peut être blasés, sinon écoeurés, voire désabusés, se contentent de signaler les faits en les classant par nature et en les quantifiant : x vols, x assassinats, sans aucune autre information. Cela devient totalement abstrait, il n'y a plus de place pour l'affectivité. En fait, le JMO n'existe plus puisqu'il ne rapporte plus rien. Il ne nous dit même plus ce que deviennent les unités qui se retirent. On a la désagréable impression qu'elles s'évaporent. Mais, peut être avaient-ils des instructions.

Et"nos" harkis dans tout cela ? Ce sont pourtant eux qui étaient avec nous sur le terrain et qui nous ont permis de "tenir" quand l'Armée était exsangue sur le plan des effectifs. Le saurons-nous un jour ?

Pourtant, on signale toujours, après cette date, des mouvements pour des familles "récupérées". Par exemple le 28/06/62 pour des familles de la région de Gouraya (Harkis, GAD ?) prises à partie par la populace avec un bilan de 2 FSNA tués et 2 blessés. Sans plus. Ou encore, le 20/08 le départ pour la métropole, depuis le camp de Souma, de familles récupérées. Le camp, les camps de Souma, près de Blida ont été des centres de regroupement pour le rapatriement. Ils furent ensuite utilisés par le FLN mais pour d'autres raisons...

Lors de recherches sur le Net, nous avons découvert que, en août 62, le 146e RI s'est implanté dans la Mitidja et à la fin de l'année dans la région de Blida à El Affroun et Mouzaïaville. Et que le 30/05/63, l'Etat-Major et la CCR ont été dissous. Seuls demeurent sur place le 1er et le 2ème Bataillons qui feront mouvement pour la France.

Officiellement, le 146e RI, du moins ce qu'il en reste, a été dissous le 31/03/63 au camp de Sissonne.

On ne peut que regretter tant de témoignages perdus ! Mais peut-on les passer sous silence, les oublier ? Je n'en suis pas certain !

LES MOIS D'ERRANCE

Pourtant un témoignage capital, nous en avons découvert un. Par le plus grand des hasards. Un acheteur de l'étude sur l'embuscade du 28/02/1957. Comme nous habitons à proximité l'un de l'autre, nous avons pu nous rencontrer et devenir amis. C'est Raymond Personnaz dont nous venons de parler.

Bien évidemment, il n'évoque que son cas personnel et l'unité dans laquelle il a été affecté. Mais il ignore tout des 4 compagnies de terrain. Il n'en a même jamais entendu parler. Néanmoins, bien que partiel, son témoignage est d'un grand intérêt historique. En effet, il a pris des notes sur des agendas de poche. C'est le genre "annales" tenues par les moines au Moyen Age.

Raymond P. a effectué ses classes au 93è RI à Frileuse et débarque en Algérie le 13/09/61. Il transite normalement par Ténès pour ^tre affecté au 1er bataillon au Bois Sacré-Gouraya. Il se retrouve chauffeur de half-track et participe à différentes missions. Ce sont les prétendus Accords d'Evian qui interrompent la routine avec l'obligation pour l'Armée de se retirer progressivement de l'Algérie. Trite fin alors qu'elle "tient" le terrain !

Rappelons que progressivement les compagnies de l'ex 1/22 débarquèrent au Bois Sacré qui n'a certainement pas équipé pour cela. Bien qu'il ne faille pas éxagérer. La 1ére Compagnie dont j'ai fait précédemment partie comprenait environ 120 hommes dont 90 harkis qui, à un moment ou à un autre, en majorité, ont dû être désarmés et renvoyés dans leur foyer. Ce qui donne une trentaine d'arrivants. Je doute fort qu'il n'en soit pas de même pour les autres compagnies. Ce n'est donc pas un raz-de-marée. Mais il fallait bien faire de la place; Et tous étaient condamnés à partir...

Raymond fit partie du premier convoi qui comprenait le PC du bataillon et sa CCAS (compagnie de commandement, d'appui et de service). C'était un déménagement définitif. C'est à ce moment là qu'il récupéra des cartes militaires abandonnées sur une table dans le batiment des officiers.

Les premiers départs ont eu lieu le 26 mars 1962 à 14 heures pour Desaix à une vingtaine de kilomètres à l'est de Cherchell sur la route d'Alger, l'ancienne Nationale 11. Le 19/04, cette unité gagne le Chenoua-Plage à quelques kilomètres au nord dans la baie du Chenoua au nord-ouest et proche de Tipaza. Elle est rejointe le 2/04 par la 1ère compagnie qui vient de quitter Bois Sacré.

Le 30/05, Raymond quitte le Chenoua et, via Desaix, le 3 gagne Alger avec une unité chargé du maintien de l'ordre, notamment dans Bab el Oued pour notre ami. Les militaires gardent leurs armes, même après l'indépendance mais avec l'interdiction de s'en servir.... Néanmoins, ils continuent à avoir la bougeotte. Installé primitivement dans une école désaffectée, ils gagnent ensuite une usine abandonnée appartenant précédemment aux cigarettes "Le Globe" dans le quartier des 3 Horloges et finalement sur le front de Mer plus prestigieux.

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI

Le 2/08, il bénéficie d'une permission dans sa famille en France. Il revient le 25 et gagne le camp de Souma à 7 km au sud de Boufarik et 5 km au nord de Blida, où son unité a pris son nouveau cantonnement. Pour peu de temps d'ailleurs car, le 27/08, Raymond rejoint Marengo pour effectuer le P2 et obtenir son grade de sergent. Le 2/10 retour à Souma.

Pas le temps de défaire son paquetage avec un nouveau déménagement le 3/10 pour les 4 Fermes avant de rejoindre Mouzaïaville le 30/11/62. Il n'en bougera plus. Le 8/01/63 il embarque sur le "Ville d'Oran" pour Marseille et le 10/01, retrouvera ses pénates. Il sera libéré de ses obligations militaires le 25/01/63.

Raymond n'a jamais été affecté à El Affroun. Mais il sait qu'une unité du 146eme RI y avait ses quartiers car il y a effectué une mission le 6/02/62.

 

    Jean Claude PICOLET avec la précieuse collaboration de Raymond PERSONNAZ

 

Pour une meilleure lecture, nous reproduisons ci-dessous une carte militaire plus lisible mais particulière du secteur nord de Blida.

HISTOIRE DU 1er BATAILLON DU 22ème RI
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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 13:42
HONNEUR AUX POILUS DU 22ème R.I.

HONNEUR

AUX POILUS DU 22ème R.I.

 

Cette photo réalisée en noir et blanc a été modifiée par l'ajout des épaulettes et la colorisation des numéros du régiment sur le képi et les revers de la veste.

 

Ce poilu porte fièrement la moustache et tient à la main son fusil lebel modèle 1886 modifié 1893, sur lequel venait s'adapter une épée baïonnette à triple arêtes appelée "la Rosalie".

 

Il est équipé de son havresac surmonté de sa gamelle. Sur son brelage sont accrochés un porte carte d'ordonnance, et sa cartouchière modèle 1903 en cuir fauve.

 

Sans certitude, on peut supposer que la veste était de couleur gris de fer bleuté, et le pantalon garance.

 

Petit clin d'œil à notre propre histoire, certains supplétifs étaient en Algérie équipés du fusil lebel.

 

Cette photo m'a été communiquée par Bruno SEIGNEURET.

 

                   Michel.

 

 

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14 février 2014 5 14 /02 /février /2014 20:40

 

 Insigne-du-22-RI                         

 

 

 

 

 

C'ETAIT VOTRE UNITE

LE 22ème  REGIMENT D'INFANTERIE

"COURAGEUX ET ROBUSTE

                          DANS LA BONNE HUMEUR"

 

 

Le 22ème Régiment d'Infanterie trouve ses origines sous la monarchie dans la création du Régiment de Viennois en 1776, lui-même formé à partir des 2e et 4e Bataillon du Régiment de Guyenne. De 1776 à 1783, il est cantonné à la Martinique où il se bat contre les Anglais. Puis il tient garnison à Boulogne, Calais puis Dunkerque à partir de 1788. Après la révolution, en 1791, il devient 22ème Régiment d'Infanterie de ligne. En 1792, il est cantonné à Saint-Omer. Il participe à l'expédition de Trêves dans l'armée de 22e RI le drapeaula Moselle et la même année, son 1er Bataillon est à Valmy, tandis que le 2ème se bat à Jemmapes et participe au siège de Lille. En 1793, ce dernier se bat dans le nord à Hondschoote. Puis, une réorganisation l'amalgame dans la 44ème Demi-brigade de ligne en 1796. En 1794, on la retrouve dans l'armée du Nord, puis en 1798, elle participe à la campagne d'Egypte où elle combat dans la bataille des Pyramides le 21 juillet. En 1800, elle est à Montebello et Marengo. En 1803, elle redevient régiment. De 1806 à 1807, l'Unité se bat contre les Prussiens et les Russes puis en 1813, elle est en Allemagne où elle s'illustre à Lützen et prend part à la Bataille de Leipzig du 16 au 19 octobre. Le régiment se bat à Maastricht en 1814, puis est dissous en 1815. Le régiment est reconstitué en 1820 à partir des éléments de la Légion d'Isère et, en 1832, il combat en Espagne, puis en Belgique, à Anvers, avant d'être envoyé en Algérie pour participer à la conquête de 1839 à 1846. En 1847, revenu en Métropole, il est en garnison à Lyon. Déplacé à plusieurs reprises, il participe à la campagne d'Italie en 1859.

 

LA GUERRE DE 1870

 

Durant la guerre de 1870, il est dans l'armée de Chalons où il est inclus dans la 1ère Division d'infanterie. Il se porte à l'Est où, fin août, il combat sur la Meuse, à Mouzon, Douzy et Sedan où ses éléments sont faits prisonniers. Reformé en 1871 au Puy, il est en garnison à Montélimar et à Valence de 1873 à 1874, puis déplacé à Briançon et Gap jusqu'en 1875, et enfin à Lyon et Romans jusqu'en 1881. Il participe à l'expédition de Tunisie en 1881 – 1882, puis revient à Lyon et à Vienne. De 1893 à 1902, il est stationné à Gap où il est inclus dans les troupes alpines. Fort de quatre bataillons, il est envoyé à Bourgoin et au camp de Sathonay jusqu'à la mobilisation de 1914.

 

LA GRANDE GUERRE

 

En 1914, du 3 au 16 août, est constitué à Rouen et Oissel, le 22ème Régiment d'Infanterie Territorial. Le 17 du même mois, il est transporté par train à destination d'Arras où il débarque le 18. Le 20, il fait mouvement sur Noyelle-sur-Lens, puis sur Pont-à-Vedin  le 21. Jusqu'au 27 août, il prend position le long des canaux de la Deule pour en assurer la garde. Le 27, deux de ses Bataillons embarquent à Lens à destination de Pont-Rémy d'où, à marche forcée, ils rejoignent Fresne-le-plan le 5 septembre où ils sont rejoints par le reste de l'Unité. Il reste au repos sur place jusqu'au 9, date à laquelle il fait mouvement sur la Somme et le 19, il arrive à Villiers-Bretonneux. Le 26 septembre, après avoir assuré quelques travaux de défense, le régiment se porte sur le front Ginchy-Lesboeufs. A Longueval, il est accroché par des éléments allemands. Le combat s'engage sous un tir intense d'artillerie ennemie et se poursuit jusqu'à la nuit tombée. Le soir, le régiment à repoussé l'adversaire au prix de 25 tués, dont deux officiers, et 132 blessés. Il cantonne sur sa position à Longueval. Le 27, il fait mouvement sur Bouzincourt. Le 29, le régiment est à nouveau au contact de l'ennemi et perd encore sept officiers, dont un tué. Au total, du 27 septembre au 4 octobre, l'unité va déplorer la perte de 346 hommes, dont 21 tués et 146 disparus.

Du 9 au 20 octobre, le régiment est toujours en première ligne, puis le 21, il fait mouvement sur Bus-en-Artois où il est mis en repos jusqu'au 23, puis se déplace sur Montdidier où il arrive le 31. Après avoir participé à la construction d'une ligne de défense, il est déplacé en première ligne à Thiescourt où il prend position le 11 novembre. Il y reste jusqu'au 2 janvier 1915 puis le 5, il fait mouvement sur le secteur de Foncquevillers-Monchy où, jusqu'au 12 mars, il subit à nouveau la perte d'une vingtaine d'hommes. Puis, on retrouve l'Unité sur le secteur de Thiepvalle la Boisselle où jusqu'au 31 juillet, il déplore la perte de 194 hommes, dont 26 tués et un disparu.

Le 13 août, le régiment est envoyé en Champagne. Il arrive à Somme Tourbe le 17. Après avoir été employé à des travaux de défense, il est à nouveau envoyé en première ligne où à partir du 25 septembre, il combat au prix de lourdes pertes soit, au 19 octobre, un total de 304 hommes, dont 68 tués et 5 disparus. Jusqu'au 1er mai 1916, il est positionné en deuxième ligne, mais durant cette période, il perd à nouveau 190 hommes, dont 48 tués. Du 15 mai au 11 juin, il est mis alternativement au repos et participe à divers travaux de défense. Puis, il fait mouvement sur le secteur de Verdun où il arrive le 15 juin. A partir du 23 juin, il va s'illustrer dans les combats durant huit mois, puis il est relevé le 14 février 1917 après avoir perdu 421 hommes dont 69 tués.

Envoyé en Seine et Marne, il est mis au repos jusqu'au 27 février, employé à divers travaux jusqu'au 13 avril. Puis, il est déplacé sur le secteur de l'Aisne et au Chemin des Dames où ses compagnies se voient confier diverses missions, notamment de DCA et Fourragère aux couleurs de la médaille militairede transport de munitions jusqu'en décembre. Entre temps, le 14 novembre 1917, le régiment est cité à l'ordre du Corps d'Armée.

Jusqu'au 28 mars 1918, les bataillons du régiment vont être séparés et sont positionnés dans des secteurs différents. Le 24 mars, le 1er Bataillon est engagé dans la Somme. Du 26 au 30, il combat successivement à Roye, à Tilloloy et Dancourt, puis à Rollot et Mortermer. En six jours, il perd 202 hommes, dont huit tués Et 191 disparus. Puis, il est envoyé au repos et reprend le combat. Le 27 mai, à la suite d'une forte contre attaque ennemie, le Bataillon est contourné, 281 hommes en ligne, dont leurs neuf officiers, sont fait prisonniers. Les rescapés sont aussitôt envoyés en Alsace, sur le Fourragère aux couleurs de la croix de guerresecteur de Thann et répartis dans d'autres unités. Le 12 juin 1918, le bataillon est dissous.

Quant au 22ème Régiment d'Infanterie, qui a lui aussi combattu avec vaillance au prix de très lourdes pertes en  Champagne, à la Malmaison, à Reims et dans la Somme, il va participer au défilé de la victoire le 14 juillet 1919 après être entré à Metz en décembre 1918. Il est dissous à la Valbonne le 1er Janvier 1922. Durant le conflit, il a gagné le droit au port de la fourragère aux couleurs de la médaille militaire, à la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre et s'est vu décerner quatre citations à l'ordre de l'Armée.

 

 

LA BATAILLE DE FRANCE 


Le 22 août 1939, le Centre Mobilisateur d'Infanterie 202 d'Haguenau forme le 22ème Régiment d'Infanterie de Forteresse qui reste en position sur le secteur de la ligne Maginot bombardée à partir du 15 juin 1940. Malgré une défense héroïque, le régiment est contraint à la reddition par la signature de l'armistice et il est entièrement fait prisonnier.

 

DE LA GUERRE D'ALGERIE A NOS JOURS

 

En mai 1956, le 22ème Régiment d'infanterie est reconstitué à trois bataillons avec des rappelés de la 8ème Région Militaire. Puis, il est envoyé en Algérie et basé à Ténès, ses éléments quadrillant un secteur entre Cherchell et Orléansville. Fin 1961 et début 1962, les 1er et 3ème Bataillons sont dissous. Le 2ème Bataillon devient 22ème Bataillon d'Infanterie. En janvier 1964, il est rapatrié en Métropole et dissous.

Durant ce conflit, l'Unité va déplorer la perte de 279 hommes.

Reformé en 1966 au camp de Sathonay, le 22ème Régiment d'Infanterie est à nouveau dissous le 1er octobre 1968, ses éléments formant alors le 99ème Régiment d'Infanterie; En 1964, le groupement des moyens régionaux n°5 prend l'appellation de GMR 5/22ème RI, puis à la suite de la réorganisation des armées en 1991, il est dénommé 22ème Régiment d'Infanterie. En 1992, il redevient 22ème Bataillon d'Infanterie, lui-même dissous en 2010, ses éléments formant le groupement de soutien de la Base de Défense Interarmées Lyon-Mont-Verdun.

 

                                                                                  Jean Louis CERCEAU

 

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 16:15

 

L'EMBUSCADE DU 28 FEVRIER 1957

 

            Le 28 février 1957, vers 13h40, un convoi militaire ayant terminé sa mission de ravitaillement du poste de la 2ème compagnie du 1er bataillon du 22ème RI cantonnée à Bouyamène, lors de son retour, tombe dans une embuscade tendue par des HLL (hors la loi), quelques kilomètres avant Dupleix. Le bilan est très lourd en pertes de vies humaines, d'armes et de munitions, de matériel et de véhicules. Ce drame a marqué les esprits à jamais.

 

            Ayant servi au 1/22 quelques années plus tard en 1960/1961, cette embuscade a été évoquée devant moi à plusieurs reprises. Ce qui m'a amené à m'y intéresser.

 

            Après sélection, je dispose maintenant de plusieurs témoignages ou sources d'informations. Je vais les recouper afin de tenter de savoir ce qui s'est effectivement passé.

 

 

            LES SOURCES

 

            J'ai attribué un numéro d'ordre à chaque source afin de pouvoir facilement la citer en cas de besoin dans le texte de cet article.

 

            1)- Le JMO (Journal des Marches et Opérations) du 1/22 auquel est joint, chaque trimestre, l'ordre de Bataille reprenant les titulaires des postes hiérarchiques ainsi que diverses informations, notamment la liste nominative des morts et blessés. C'est un document militaire officiel, tenu au jour le jour, en style "télégraphique", pour les faits qui rythment la vie du bataillon. Il est absolument confidentiel et couvert par le "secret défense". Même actuellement le JMO du 1/22 n'est toujours pas dans le domaine public et ne peut être consulté que sur autorisation ministérielle. Je l'ai obtenue certainement parce que je figure, bien évidemment, sur les ordres de Bataille couvrant ma présence dans les rangs de ce bataillon.

 

            2)- Le compte rendu rédigé aussitôt après le drame par le commandant Cailhol, chef du 1er bataillon. Document lui aussi officiel et exceptionnellement joint en bonne place au JMO. Ce compte rendu a été publié, avec quelques variantes par le Dahra, journal de liaison du 22ème RI et repris sur le blog de Michel.

 

            3)- Le témoignage (écrit) de Max Dubos, Sous lieutenant de réserve au 586ème BT (Bataillon du Train) de Novi qui, lors d'une mission à Gouraya, a été "réquisitionné" pour se porter sur le lieu de l'embuscade afin de rechercher les blessés. Cet article a été publié sur le blog de Michel le 7/05/2010. Cet article a été repris par un blog algérien (Vitaminedz) le 6/04/2013.

 

            4)- Le témoignage (écrit) de Claude Rochard. Un appelé affecté à la 2ème compagnie cantonnée à Bouyamène. Il était en poste à Béni Bou Hanou. Un de ses amis et frère d'armes a été blessé mortellement dans l'embuscade. Il avait pris le convoi pour recevoir des soins dentaires à Dupleix. Cet article a été publié sur le blog de Michel le 17/03/2009. Ainsi qu'une fiche nécrologique concernant Guy B, un des tués.

 

            5)- Le témoignage (oral) d'Edmond Courraly. Un sous-officier du contingent. Non présent, affecté à la 3ème Compagnie au moment des faits. Il a rejoint fin 1957 le poste de Lala Ouda créé à proximité du lieu de l'embuscade, (voir l'article publié sur le blog de Michel le 21/11/2013).

 

            6)- Les commentaires d'Albert Roussel suite à des articles sur le Net (notamment wilaya4.chez.com/debat/contributions_1.htm)

 

            7)-Le témoignage oral de Raymond Guittard. Il faisait partie d'une section de la 2ème Compagnie en protection de la piste à quelques kilomètres au nord de Bouyamène. Ce sont les premiers secours arrivés sur le lieu de l'embuscade.

 

             NB: grâce à la mémoire d'Edmond Courraly, j'ai pu obtenir les coordonnées d'un Appelé rescapé de l'embuscade. Malheureusement, il n'a pas donné suite à ma démarche pour entrer en contact. C'est certes une énorme perte pour l'histoire mais sa position se comprend parfaitement. Il doit être particulièrement traumatisant de vivre avec de tels souvenirs. Je l'avais néanmoins approché car, il y a une bonne vingtaine d'années, il s'était spontanément confié à E.Courraly. Son nom est inconnu de RG (7). Il devait donc être affecté à la CCAS du 1/22 RI.

 

            8)- Aïssa Hakim. Au moment des faits, il avait une douzaine d'années. Il était berger et "chouf" (guetteur) pour le FLN. Son père en faisait partie. Il a vu à l'aller comme au retour des HLL de l'embuscade. Il a écrit divers articles qui ont été publiés notamment par le NouvelObs. (par ex.: aissa-hakim.over-blog.com/article-guerre-d-algerie-bataille-de-bouyamene-vue-croisee-berger-chouf-de-l-aln-et-soldat-colonial-118199545.html). J'ai déjà eu l'occasion de m'intéresser à certains de ses articles. Voir sur le blog de Michel "La double embuscade de Sadouna" publié le 4/11/2013.

 

            9)- Mohamed Chérif Ould el Hocine. Un ancien officier de l'ALN. Il a écrit une lettre ouverte à la gloire des "chouhada" (singulier chahid, martyr) publié sur plusieurs sites sur le Net et dans la presse algérienne (par ex: www.depechedekabylie.com/evenement/62336-hommage-aux-familles-de-nos-valeureux-chouada.html)

 

            10)- ML. Une enquête non (encore) publiée établie par un Algérien qui s'est rendu 5 fois sur le lieu de l'embuscade (la première en septembre 1962) et a rencontré des témoins et des participants à cette embuscade. Après publication de cet article le 10/10/2013, il a apporté d'autres précisions.

 

          LE LIEU DE L'EMBUSCADE

 

BY piste

 

            Le JMO du 1/22 ne précise pas quelles sont les coordonnées du lieu de l'embuscade. Ce n'était d'ailleurs pas l'habitude à l'époque. Il faut reconnaître que celles utilisées, les coordonnées "Lambert", n'étaient pas faciles d'emploi et surtout pas parlantes. Ce n'est qu'avec les nouvelles cartes d'état major de 1957, distribuées à compter de 1958, que l'on utilisa les nouvelles coordonnées "chasse" d'une grande simplicité. Elles apparaissent pour la première fois dans le JMO du 1/22 le 3 mai 1960 pour un "ratissage" en (LY) 05 G-H 60-70.

 

            L'Armée s'en tenait alors à des renseignements plutôt vagues : sur la piste de Bouyamène, à environ 6 km de Dupleix. Or, comme le montre la carte "reconstituée" ci-dessus, il existait 2 pistes reliant ces deux points. A 5 km environ au nord de Bouyamène, la piste se divise en deux, une fourche en LY 15 D 74 (le site sur lequel sera érigé le futur poste de Tala Icorn)  Mais on comprend pourquoi la branche "Est" ne fut certainement pas ou rarement empruntée car elle est très tortueuse donc plus longue et plus lente. Et de ce fait plus dangereuse. Nous nous en tiendrons donc dorénavant à la branche "ouest". A noter que c'est cette piste qui, après l'indépendance, élargie et goudronnée, a été transformée en route à usage "civil" de Dupleix à Carnot (D4 de la carte Michelin et CW 3 sur les cartes algériennes).

 

            Une précision importante est apportée par ML. (10). Il indique dans son enquête que la tête de l'embuscade se situait en face du mausolée d'une sainte femme locale dénommée Lala Ouda et donc du poste militaire édifié par la suite.

 

Or, de ce camp, érigé en octobre/novembre 1957, des photos du lieu de l'embuscade ont été prises par EC (5) après son affectation à la 3ème compagnie comme chef de pièce du mortier de 60m/m.

 

piste de l-embuscade de bouyamene photoE.COURRALY

 

Début de l'occupation des lieux du futur poste de Lala Ouda. La ligne blanche est celle de la piste de la tête de l'embuscade à la position du half-track sous le piton coté 908. Au centre le djebel Nador.

 

La photo ci-dessous est plutôt axée sur la tête de l'embuscade et le point coté 706 avec, en partie visible, la piste (certainement celle du mausolée) reliant le futur camp à la piste principale.

 

les marabouts de lala ouda photo Edmond COURRALY

 

Ce qui nous permet d'affirmer que l'embuscade s'est tenue entre le carreau "chasse" LY 15 B 73 (position du scout car) et le LY 15 C 64 (position du half-track).

 

 

          LES FORCES EN PRESENCE

 

            22ème R.I.

 

            L'élément en mission faisait partie de la CCAS (Compagnie de Commandement d'Appui et de Services) du PC du Bataillon installé à Gouraya. Un convoi de ravitaillement de 15 véhicules dont 2 blindés (un scout-car et un half-track). (1) comme il y avait au moins une jeep, le nombre de GMC se limiterait donc à 12.

 

            Le chef de convoi est le capitaine Louis B. commandant de la CCAS. Le sous-lieutenant Roger C. est le chef de la section d'appui. Au retour, l'effectif est de 58 combattants dont certain de la 2ème Cie, parmi lesquels des permissionnaires. (1) Nous y reviendrons.

 

            Pour les différents intervenants, la composition du convoi est pratiquement celle du JMO. A l'exception d'un seul, celui de l'ancien officier de l'ALN (9) qui, à au moins à deux reprises, dont dans la dépêche de "Kabylie" du 1er/11/2008, parle de plusieurs dizaines de véhicules et de camions. Nous aurons l'occasion d'en reparler lors du bilan.

 

ALN (Armée de Libération Nationale)

          branche armée du FLN

 

De nombreux articles indiquent un chiffre de 35 HLL ayant participé à cette embuscade. Or, on constate que tous ont été écrit par AH (8), le "petit berger". En fait, il se réfère au nombre de combattant qui se sont reposés et sustentés chez ses parents à l'aller comme au retour. Mais, il se trouvait, comme il l'écrit, à une dizaine de kilomètres du lieu de l'embuscade. Il n'a donc vu que les forces locales, le commando zonal commandé par son favori Mohamed Hanoufi, de son nom de guerre Abdelhaq. Que l'ex officier (9) appelle d'ailleurs Ahmed Noufi, alias Si Abdelhak.

 

En tout état de cause, un convoi d'une quinzaine de véhicules, avec les distances de sécurité, dépasse nettement 500 mètres en longueur. Pour le couvrir, avec 35 hommes, il faudrait en placer un au moins tous les 15 m. Ce qui serait totalement inopérant. Une simple escarmouche.

 

Mais si Abdelhak est bien l'instigateur de cette embuscade, il a dû obtenir l'accord du capitaine Slimane, alias Siakha, responsable politique et militaire de la zone et surtout l'appui de Ait Maâmar, alias Si Yahia, commandant le bataillon commando de la Willaya IV (9 & 10) fort de 350 hommes (9). Bataillon qui par pur hasard était dans le secteur pour se reposer et se reconstituer.

 

D'autres sources donnent des chiffres moindres mais néanmoins importants. Pour le Dr Mohamed Taguia, ancien haut responsable de la Wilaya IV, l'effectif était de 180 (cité par AH (8) qui d'ailleurs conteste ce chiffre). Pour ML (10) il était de 250. Pour l'affirmer, il se base sur le nombre de postes de combat aménagés pour l'embuscade. Ces postes étaient encore visibles sur le terrain en 1962. Ils ne l'étaient plus en 1970 suite à l'élargissement de la piste, devenue route goudronnée.

 

On peut donc affirmer que les fellaghas étaient en supériorité numérique dans la proportion d'au moins 4  (voir 5) contre 1.

 

De tels chiffres ne sont pas surprenants. A l'époque l'ALN disposait encore d'unités importantes puisqu'elle contrôlait une bonne partie du territoire. Mais elles furent aussi sa perte. Les grandes opérations du "Plan Challe" menée de février 1959 à septembre 1961 les ont laminés voire exterminées. Et en 1960, il ne restait plus une katiba (compagnie) complète dans toute la Wilaya IV. Le FLN avait perdu la guerre sur le terrain.

 

Pourtant, il a maintenu des petits groupes pour entretenir l'insécurité, obligeant ainsi l'Armée Française à poursuivre son "quadrillage" donc à utiliser des Appelés et d'autant plus que les effectifs étaient en baisse suite à la mobilisation de 1939. Il est indéniable qu'il pariait sur la lassitude des Français. Il voulait gagner sur le tapis vert. Et, il faut le reconnaître, il a réussi avec les prétendus accords d'Evian.

 

LES PREPARATIFS

 

C'est donc l'adjudant Abdelhak, chef du commando zonal qui sans contestation possible a été l'investigateur et le concepteur de l'embuscade. Sans aucun doute avec l'aide de ses "choufs", il a pris conscience de la régularité d'un convoi organisé pour ravitailler, à partir de Dupleix, le camp de la 2ème compagnie à Bouyamene. Il a donc fait soigneusement observer.

 

Tous les jeudis un convoi d'une quinzaine de véhicules dont 2 blindés quittait Dupleix, en fin de matinée vers 11h30 pour Bouyamene. Le retour s'effectuait en début d'après midi, après le repas, pour regagner sa base. Toujours par la même piste. L'exemple type de ce qu'il ne faut pas faire. D'ailleurs les habitudes, la routine, sont critiquées dans toutes les écoles militaires avec juste raison d'ailleurs. Oui, mais comment se comporter autrement dans un tel cas. On ne peut varier que les jours et les heures. Est-ce suffisant ?

 

Cet adjudant n'était pas sans expérience puisqu'il aurait participé à l'embuscade de Palestro le 18/05/1956. Ce qui lui a permis de concevoir un plan que nous détaillerons par la suite.

 

Il avait même envisagé une tentative 2 mois plus tôt en s'associant avec un autre commando zonal dirigé par Souleimane Tayeb, alias Zoubir. Combattant d'expérience s'il en est puisqu'il avait réussi l'embuscade de Sidi Franco (quartier de Marceau) le 9/01/1957 tendue à un convoi du 3ème bataillon du 22ème RI. Une opération prémonitoire avec des chiffres légèrement inférieurs à ceux de Bouyamene. 12 véhicules, 42 militaires, 27 tués dont 1 gendarme, 14 blessés ayant survécu. Mais le commando avait été transféré dans la région de Blida (9). Où Zoubir a péri le 22/02/1957 dans un accrochage à Sbaghnia.

 

Abdelhak avait donc besoin d'aide. Comme nous l'avons vu, il l'a obtenue de ses interlocuteurs mais pas sans une forte réticence. Qui se manifesta à nouveau sur le terrain le matin même de l'embuscade lors du passage du convoi qui, par sa taille, impressionna Siakha et Yahia qui voulurent se retirer. Abdelhak les menaça alors de la réaliser seul. Ce qui aurait été un échec qui aurait rejailli sur les partants et les auraient déshonorés. Sous la pression de la "troupe", ils restèrent (8 & 9).

 

Et c'est vrai, Abdelhak avait vu juste. Le convoi avait de nombreux points faibles comme nous le verrons par la suite. Par contre, j'ai été étonné que, parmi les Algériens, aucun n'ait rapporté un point essentiel de la tactique de l'ALN dans ce domaine. Pourtant AM (8) l'avait évoqué dans ses articles à propos de la prétendue double embuscade de Sadouna. Cette règle d'or voulait qu'il ne faut pas tendre une embuscade si elle doit se réaliser plus d'une heure avant le coucher du soleil. Ceci pour empêcher, avec la nuit, tout convoi de transport de troupes, l'intervention de la "chasse" aérienne et même l'héliportage de commando de chasse. Et Dieu sait qu'elle est la distance que l'on peut parcourir en 10 heures quand on a le diable aux trousses. Et que le terrain a été préalablement reconnu pour éviter les fortes dénivelées. De 20 km au moins.

 

Or pour Bouyamene, Abdelhak y dérogeait. Mais il faut reconnaître que, à l'époque le "quadrillage" dans ce secteur était encore en phase d'application. Le  djebel n'était toujours pas complètement tenu. Si Bouyamene était en place, Bou Zérou ne l'était pas encore. Les regroupements étaient en cours et les GAD plutôt rares. Et les procédures d'urgence n'étaient pas encore parfaitement rodées. Le "maillage" du filet était encore large et nos adversaires en profitaient.

 

L'ARMEMENT

 

ALN

 

Aucun des Algériens ne cite de chiffres précis. Mais ce qui est important, c'est que les HLL disposaient d'une mitrailleuse de 30 (7,62 m/m) et d'un FM 24/29, des PM, des fusils de guerre et de chasse qui peuvent être redoutables dans une embuscade lorsque l'on utilise des chevrotines qui ne sont pas de fabrication locale et quantité de grenades. Comme il s'agissait d'unités d'élite, tous les combattants devaient être armés. Par contre, s'ils utilisaient des porteurs ceux-ci ne l'étaient pas.

 

Les armes étaient celles récupérées dans des embuscades. Les meilleurs outils revenaient aux bons ouvriers. Ainsi les armes récupérées à Sidi Franco étaient sur place. Et même d'autres provenant du stock dérobé par l'aspirant Maillot lors de sa désertion.

 

Le commandant Cailhol le signale, in fine, dans son récit de l'embuscade publié par le Dahra (2). Mais cela pouvait passer pour une clause de style. Cette assertion est pourtant confirmée par des anciens HLL.  ML (10).

 

1/22ème RI

 

L'armement du convoi est traditionnel. Je n'insisterais donc pas. Néanmoins, je voudrais m'arrêter sur deux points : les blindés et l'avion.

 

Les blindés sont des blindés légers, un half-track et un scout-car. Si le premier est connu, il était couramment utilisé en AFN, il n'en est pas de même pour le second. C'est un véhicule à 4 roues qui fait l'unanimité contre lui. Fabriqué par les USA avant la seconde guerre mondiale, il était déjà obsolète quelques années plus tard. Les US l'ont fourgué en masse aux soviétiques. Il a pourtant été utilisé en Indochine et en AFN.

 

scoutjp6.JEPG

 

C'était initialement un transport de troupe. Son blindage était trop faible et trop bas n'offrant aucune protection à son équipage et notamment au conducteur qui ne disposait que d'une cabine ouverte. En plus son moteur avait des capacités réduites compte tenu du poids. Et il n'avait pas de porte arrière. Pas facile de s'en extraire rapidement.

 

Les 2 blindés étaient équipés d'une mitrailleuse de 50 (12,7) et de 30 (7,62).

 

 

Morane Saulnier est un constructeur aéronautique qui depuis 1910 s'est spécialisé dans les avions entoilés pour l'observation, l'entraînement et les liaisons. Pendant la 2ème guerre mondiale, il a été contraint de produire pour l'occupant des appareils similaires mais avec une voilure métallique, le Fieseler Fi 156 Storch (cigogne). A la libération, il en a produit une réplique, le Morane MS 500 Criquet.

 

morane 500

 

C'était un avion lent, sans aucune protection et non armé. Certains modèles ont néanmoins été équipés d'une mitrailleuse MAC type 34 de 7,5 m/m sur le côté gauche à la place de la vitre arrière du cockpit qui ne pouvait tirer que vers l'arrière de l'appareil. Mais il n'est pas certain que cet avion armé ait été utilisé fréquemment en AFN.

 

Un témoignage ML (10) signale que, au retour, un camion civil avec deux personnes à bord, faisait partie du convoi. Sans autre précision. On ne sait pas ce qu'il est devenu. Mais c'est plausible. Je l'ai connu à Bou Zérou et je sais que cela se pratiquait à Bouyamene. Des pick-up transportant du charbon de bois pour le marché de Gouraya. Ils circulaient en queue de convoi.

 

LE TERRAIN

 

Avant toute chose, il faut préciser que la piste de Bouyamene à Dupleix était pour l'essentiel de son parcours, une piste de djebel. Ce qui signifie qu'elle a été tracée au bulldozer à flan de montagne. Donc d'un côté le vide et de l'autre le talus qui peut surplomber la piste de plusieurs mètres. En outre c'est une piste à voie unique absolument sans "passing place", comme en Ecosse dans les Highlands, pour se croiser. Pour la bonne raison que l'on ne se croise jamais. Et il est  impensable de croiser un véhicule civil puisque l'on est en zone "interdite".

 

Ce qui veut dire que dans un convoi, aucun véhicule ne peut changer de place.

 

BY lieu

Portion de piste sur laquelle a eu lieu l'embuscade. Les triangles noirs indiquent le début de l'embuscade et sa fin supposée. L'étoile noire représente l'emplacement des armes collectives des HLL. Les positions des blindés sont notées, ainsi que le champ de vision du half-track. Cette portion de piste représente environ 1km.

 

La carte ci-dessus est une carte récente agrandie, établie à partir de photos satellites. Elle s'intègre parfaitement, à échelle réduite, dans la carte d'état major ci-dessus. Le douar de Bihita (en haut à gauche) est de construction récente, après l'indépendance. Il est situé entre l'ancien poste de Lala Ouda et l'école de Béni Hattéta dont il a dû reprendre l'ensemble des installations encore existantes.

 

Le choix du lieu de l'embuscade est particulièrement judicieux pour ne pas dire remarquable. Il se situe approximativement à mi-parcours donc donne le temps le plus long pour les interventions locales que l'on peut estimer à 25/30 minutes. Un seul défaut, mais auquel on peut remédier facilement, le convoi sera en pente descendante. Il roulera donc plus vite qu'à la montée, d'où une plus grande difficulté pour atteindre les chauffeurs. Et notamment celui du premier véhicule. Or, selon les consignes militaires, si un convoi est attaqué, les chauffeurs doivent accélérer pour se dégager au plus vite de la zone dangereuse. L'erreur n'est donc pas permise pour les rebelles.

 

La partie de piste sous l'embuscade est pratiquement en ligne droite parfaitement observable puisqu'en descente; Un point fort puisque les armes collectives sont rares. Placées en tête, elles pourront en cas de besoin couvrir toute la piste. En plus, le secteur est désert donc offre le maximum de discrétion lors des travaux préparatoires puisqu'il fallait creuser des postes de combat, plus de 250 a-t-on dit, ainsi qu'une tranchée pour cacher les armes récupérées et camoufler l'ensemble. Ces travaux durèrent 2 jours et furent exécutés, volontairement ou sous la contrainte, par la population des douars proches. ML (10).

 

La partie de piste retenue ne comporte pas d'échappatoire. D'un côté le ravin en pente raide. De l'autre le talus, recouvert de broussailles denses, plutôt élevé, ce qui interdit pratiquement toute contre-attaque des occupants des véhicules alors qu'ils seront tirés à vue à faible distance, sur le même plan et bien souvent dominés.

 

Emplacement de l embuscade du 28 2 57

 

Cette photo prise par ML (10) nous montre la piste à la tête de l'embuscade, après avoir été transformée en route goudronnée. Elle a été élargie en mordant sur le djebel, ce qui a eu comme conséquence d'élever le haut du talus. Elle n'est donc pas très parlante.

 

La photo suivante (de Pierre Jamin) n'a pas été prise sur la piste de Dupleix à Bouyamène mais elle est très représentative de l'état des pistes qui se présentaient ainsi dans une multitude de cas en AFN. Il est donc aisé de se rendre compte de leur dangerosité. Les occupants de ces véhicules ne voient absolument rien. Ils pouvaient à tout moment tomber dans une embuscade ou même être la cible d'un tireur isolé, voire recevoir une grenade. On risquait donc sa vie en permanence !

 

 Convoi de ravitaillement pour AZIEM photo Pierre JANIN

Convoi de ravitaillement du poste d'Arziem Secteur de Marceau (3ème bataillon)

 

La tête de l'embuscade est placée à l'entrée du premier virage d'une suite de lacets qui obligeront les véhicules à ralentir. Ce qui donnera le maximum de facilité aux tireurs embusqués. Mais il fallait une parfaite synchronisation des tirs pour que la surprise soit totale et la riposte faible. Pratiquement tous les chauffeurs devaient être abattus en même temps pour bloquer les véhicules quand ils ne tombent pas dans le ravin. Et du même coup, on pouvait éliminer au moins 25% des forces adverses ce qui est loin d'être négligeable en pareille circonstance.

 

LE CHOC

 

Le 28 février 1957 au matin, les forces rebelles devaient être à pied d'œuvre car il est impensable qu'elles se soient déplacées de jour au risque de se faire repérer par une patrouille. Et chacun devait avoir gagné son poste de combat, bien camouflé pour ne pas être découvert par le Morane d'accompagnement. Le convoi à la montée a donc été observé discrètement un peu avant midi. C'est d'ailleurs à ce moment là que Siakha et Yahia, impressionnés, décidèrent de se retirer. Mais il n'en fut rien.

 

Vers 13h40, le Morane tournant au dessus du convoi au retour entrait dans la nasse. Le tireur du FM toucha l'avion qui s'écrasa sur la pente du Djebel Nador tandis que deux coups de fusils de chasse donnaient le signal de l'attaque. Le scout-car fut stoppé et boucha la piste. Le capitaine Lucien B. fut tué net dans sa jeep derrière et ainsi de suite. Tout le convoi s'immobilisa dans un déluge de feu, 4 GMC basculant dans le ravin. Avec leurs occupants.

 

Et il fallait faire vite. Les rebelles passèrent à l'attaque en tirant et balançant des grenades. Le combat se termina au corps à corps, y compris à l'arme blanche (2 & 3). L'objectif était de récupérer le maximum d'armes et de matériel et même treillis et pataugas, ceux-ci fort recherchés car introuvables dans le commerce puisque la vente en était interdite en Algérie. Ceci en vertu d'un vieux principe édicté par l'Emir Abd el-Kader et repris par le Dr Mohamed Téguia dont nous avons déjà parlé. Qui a écrit : "Il s'agit de profiter de l'effet de surprise, de frapper vite et de se diluer dans la nature en emportant le plus d'armes possibles. L'engagement doit être bref, la durée n'excédant pas 15/20 minutes". Le principe de la razzia.

 

Mais les emplacements de tir prévus ne devaient pas être adaptés pour répondre à la longueur du convoi et la puissance de feu mal répartie. Les 3 derniers GMC ne furent pas touchés, ils ne pouvaient être que dans la courbe la plus courte au sud (voir carte ci-dessus) sinon le half-track se serait avancé jusqu'au virage suivant pour ajuster ses tirs. Et au milieu du convoi, quelques militaires résistèrent aux assauts.

 

Pourtant c'est le half-track avec le sous-lieutenant Roger C. qui évita que le désastre soit total. Suite à un incident technique, ce blindé quitta Bouyamène avec un léger retard. Il déboucha donc dans le dernier virage alors que l'embuscade battait son plein. En position dominante du fait de la pente, le sous-lieutenant ne perdit pas ses esprits et ouvrit le feu de ses deux mitrailleuses, servant lui-même la 12,7, en tirant notamment sur la tête de  l'embuscade et le scout-car qui avait en ligne de mire plusieurs GMC du convoi (2).

 

Un groupe de rebelles tenta d'enlever la queue du convoi mais ils échouèrent. Sur ce, toute l'embuscade se dispersa. L'opération n'avait pas duré un quart d'heure. . La règle avait été respectée. Et quelques minutes plus tard le premier élément de la 2ème   compagnie arrivait en renfort. Immédiatement suivi par un deuxième de la 3ème compagnie. Ils ne purent que se porter au secours des blessés.

 

LE BILAN

 

Le bilan de l'embuscade est lourd. Très lourd. On déplore 27 tués auquel il faut ajouter le pilote du Morane  + 2 blessés qui sont décédés dans les jours qui ont suivi + le prisonnier dont le corps fut retrouvé le 13/03/57 près du lieu de l'embuscade, soit un total de 31 hommes. Sans oublier 13 blessés  qui ont survécu (2) + le copilote du Morane.

 

Les pertes en armes, matériels et équipements ne le furent pas moins. On dénombre : 2 mitrailleuses de 30 dont celle du scout-car (je ne vois pas d’où peut provenir la seconde. Du Morane s'il était armé ? Mais alors c'était une 7, (et ne concernait pas le 1/22. (Mystère), 14 PM, 6 Garands , 2 carabines US dont celle du capitaine, 2 PA, 1 poste radio SDR 300, 2 postes radio SCR 536, 4 gilets pare-balle et 1 manchon lance grenade. (2). Ne sont pas dénombrés les treillis et les Pataugas qui furent arrachés aux morts et dans certains cas enfilés immédiatement.

 

Il est bien évident qu'un tel trésor de guerre n'a pas pu être emporté par une troupe fatiguée, éprouvée, comptant des morts et des blessés qui devait fuir rapidement pour ne pas se faire accrocher. Tout fut donc enfoui sur place dans une tranchée préparée à l'avance. ML (10) en a vu la trace en 1962.

 

L'armée perdit également 4 GMC, tombés dans le ravin. ML (10) affirme avoir vu en 1962 les carcasses des 4 véhicules au fond du ravin. Ce qui est démenti par EC (5) qui, une semaine après l'embuscade, a participé à une fouille du terrain pour récupérer le matériel qui aurait pu être oublié. Et il n'y a pas vu d'épaves de GMC. ML, confirme les avoir vus en 1962 à 250/300 m en contre bas de la piste, dans un endroit difficile d'accès, très boisé et brousailleux. Il n'en demeure pas moins que ces 4 GMC sont bien tombés dans le ravin et qu'il ne devait pas être facile de les extraire.

 

Sur le blog de Michel figurent 2 photos strictement identiques dont celle ci-dessous, mais les légendes sont différentes. L'une (de Claude Rochard) est liée directement à l'embuscade, mais la seconde (de Daniel Boulay) est présentée comme une simple sortie de piste. Alors qui croire .

 

Embuscade Dupleix Bouyamène Lalla Aouda 28 février 1957

 

Dès le début de l'embuscade, l'avion d'observation, un MS 500, a été abattu par le tir du FM. Il s'est écrasé sur le Djebel Nador.

 

Carcasse-du-piper-abattu-le-28-02-1957-photo-A-ROUSSEL.jpeg

 

Ce fait a été immortalisé par une photo d'Albert Roussel (6), photo qui figure dans un des albums du blog de Michel. Mais cette photo nous interpelle.

 

Nous savons par le sous-lieutenant Max D. (3) qui a retrouvé l'avion  que le pilote était décédé, à sa place, mais sans que nous sachions s'il a été tué par balle ou en se scratchant. Par contre le copilote n'était que blessé et s'était caché dans des buissons à l'arrivée des fellaghas. On peut donc en déduire que le choc n'a pas été trop brutal.

 

Sur la photo nous remarquons que le point  de chute est dégagé alors que les pentes du Djebel Nador sont broussailleuses. AR (6) précise que sa photo a été prise quelques jours après l'embuscade alors que les débris de l'avion avaient été regroupés au lieu dit Lala Ouda. Ce que confirme EC (5) avec la photo ci-dessous. Lors de la création du poste de Lala Ouda, les débris étaient toujours là. ML (10) affirme les avoir vu en 1989 mais sans en préciser l'endroit. Sur son dernier memo, il a ajouté que ne subsistait à l'emplacement du crash, et encore aujourd'hui, qu'une partie de la carlingue, les ailes et le train d'atterrissage avaient disparu. Ce qui est parfaitement concordant.

 

avion

                       Les harkis de Lala Ouda avec, au premier plan, des débris du Morane

 

Bien évidemment, nous ne développerons pas le témoignage (9) qui rapporte que des dizaines de véhicules ont été détruit, tous les soldats tués et des centaines de fusils de guerre, des PM, des FM récupérés. Il en est qui n'ont pas peur du ridicule…..

 

Quant aux rebelles, nous ne savons que peu de choses sur leurs pertes. Le témoignage d'un "rescapé" aurait été d'une grande importance (7). Ce qui est certain, c'est que Abdelhak a été tué alors qu'il essayait de récupérer la 12,7 du scout-car. Un autre homme, tué à son côté, a aussi été identifié.

 

Le CR (2) indique 9 tués, 2 prisonniers et un fusil de chasse récupéré ce qui peut être sujet à caution. MD (3) ne parle que d'un fellagha mort sur la piste. Sur le CR joint au JMO, il est précisé que "le sous-lieutenant Roger C. a vu lui-même des HLL ramenant des morts et des blessés sur les pentes dominant la piste. Seuls les rebelles abattus sur celle-ci sont restés". (1). Ce qui reste bien vague.

 

Quant à lui, RG (7) signale avoir vu 7 HLL morts sur la piste.

 

Mais on peut affirmer que les rebelles se sont repliés en emportant leurs morts et blessés; (10) signale une dizaine de blessés chargés sur des brèles et 2 tués dont les corps n'ont pas été retrouvés dans la forêt. (10) En tout état de cause leurs pertes furent minimes.

 

Et il est reconnu que c'est l'arrivé inopinée du half-track qui précipita l'ordre de décrochage.

 

LE PRISONNIER

 

Effectivement, il y eu bien un prisonnier, le soldat René B. C'est indiscutable ? On se demande bien pourquoi d'ailleurs car les rebelles n'avaient pas de camp du moins en Algérie. Etait-ce un trophée à présenter comme dans un triomphe romain ? AH (8) nous relate longuement son martyr. Car il est évident que libéré, il pouvait identifier ceux qui l'avaient emmené et signaler tous ceux qui avaient aidés les fellaghas d'où des arrestations avec tout ce qui peut en découler. Il était donc condamné.

 

Siakha qui avait pris le commandement du commando d'Abdelhak l'a présenté comme celui qui avait abattu ce chef vénéré. Et l'a condamné à être lapidé. Certains ont critiqué cette torture et ont plaidé pour une mort rapide et, si on peut parler ainsi, honorable. Dont le frère de AM. Ce qui lui a valu d'être lui aussi exécuté, par pendaison.

 

Je pense que ce témoignage peut être retenu car si AH (8) est sans concession envers la "puissance coloniale", il n'attaque jamais la France en tant que Nation. Et il n'est pas tendre, c'est le moins que l'on puisse dire, envers les autorités Algériennes qu'ils considèrent comme ceux  qui ont goulûment mangé les marrons retirés du feu par les moudjahiddines.

 

Un point pourtant m'étonne dans son récit. Le commando zonal, à 10 Km à vol d'oiseau du lieu de l'embuscade, c'est AH qui l'a écrit, prend le temps de déguster un couscous préparé par la mère de l'auteur. Alors même que tous savent que tout le secteur va grouiller de militaires français. Une sacrée dose de confiance dans leur bonne étoile. A croire qu'ils se considèrent comme invincibles après leur coup de main. Oui, vraiment étonnant….

 

Le prisonnier aurait été exécuté le 3 mars et sa dépouille retrouvée le 13 près du lieu de l'embuscade. Certainement pour éviter tout rapprochement avec le lieu de son supplice et même le chemin parcouru.

 

LES PERMISSIONNAIRES

 

On a beaucoup parlé de ces permissionnaires présents dans le convoi et sans armes comme le voulait la coutume. Le capitaine Assémat, dans un article publié dans le n° 228 d'Historia Magazine, et repris sur le blog de Michel le 04/12/2008, y consacre un entrefilet, mais parlant, "Un convoi de permissionnaires était tombé dans une embuscade (….) Les hommes désarmés n'avaient pas pu se défendre" (dixit). Une façon de gloser sur les rebelles à la victoire facile donc sans gloire. C'est aller un peu vite en besogne. D'autant que, après le premier feu, les survivants, malheureusement, ne devaient pas manquer d'armes.

 

Ce n'était pas un convoi de permissionnaires mais des permissionnaires dans un convoi. Nuance. Et combien étaient-ils ? Là encore, la version d'un témoin oculaire (7) aurait été d'un grand apport. Mais cela n'enlève rien à la victoire des fellaghas. Ils n'y sont pour rien. Ils ont profité des circonstances. Et un point de droit bien connu dit que "nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes".

 

Une précision a été apportée par RG (7). La 2ème compagnie en poste à Bouyamène a eu 13 tués. L'adjudant-chef G. qui partait en retraite, des permissionnaires dont certains libérables, un soldat autorisé à rejoindre sa famille en métropole pour assister aux obsèques de son frère, et ce malheureux enfin autorisé à se rendre à Dupleix pour des soins dentaires. Ce qui est énorme puisque représentant presque la moitié des tués. Par contre, il ne se rappelle pas du nombre des blessés.

 

Et, en tout état de cause, compte tenu des résultats prévisibles du premier feu, malheureusement, les armes disponibles ne devaient pas manquer. Donc une polémique qui n'a pas raison d'être.

 

LA REACTION

 

Alertée par les appels de détresse du convoi et vraisemblablement les détonations, une section de la 3ème Compagnie avec le capitaine la commandant, se précipita sur les lieux de l'embuscade. Le temps a été estimé à 15/20 minutes elle était sur place pour dégager les survivants en faisant fuir les HLL. c'est, du moins, la version officielle.(2)

 

Cela paraît peu. Surtout en début d'après midi. Comme il ne devait pas y avoir de section en alerte, ce ne doit pas être aisé de rassembler en un temps record des hommes en armes et des chauffeurs. En outre la piste pour se rendre à Lala Ouda (environ 6/7 km) est accidentée, tortueuse avec une forte montée sur la fin. Et pour des raisons de sécurité, il faut abandonner les véhicules quelques centaines de mètres avant le lieu de l'embuscade et terminer à pied.

 

La réalité est autre. Les premiers arrivés sur l'embuscade appartenaient à la 2ème Compagnie  de Bouyamène. Nous avons le témoignage de RG (7). A chaque convoi de ravitaillement, un élément de la 2 prenait à pied position sur la piste en protection. Ce jour-là, RG y participait pour la première fois. C'était une section renforcée, d'une quarantaine d'hommes, commandée par le sous lieutenant K. Vers 10 heures, ils s'étaient installés fortuitement à 5/800 mètres du lieu de l'embuscade, soit vraisemblablement en LY 15 C 53. Ce qui est confirmé par RG qui ignore cependant si c'était le lieu habituel.

 

Soit dit en passant, RG n'a pas vu de camion civil dans le convoi. Ni durant toute sa faction. Il aurait donc dû utiliser la piste avant son arrivée. Ce qui n'aurait rien de surprenant. Il existait un négoge de charbon de bois avec un point d'entreposage sur la piste pour faciliter le ramassage. Un camion civil l'effectuait mais hors convoi, sans aucune crainte. Ce qui n'est pas sans poser des questions...

 

Pour sa part, ML (10) confirme la présence du camion, un Berliet, en fin de convoi. Il a eu l'occasion de parler avec le chauffeur lors de son enquête sur place.

 

Alertée par la fusillade, en se gardant, la section s'est portée sur le lieu de l'embuscade. Les fells avaient déjà disparu. RG évalue le temps d'approche à une quinzaine de minutes. Il ajoute que juste après eux, un élément de la 3ème Cie s'est pointé à l'autre extrémité de la piste. Il en a déduit qu'il s'agissait d'une autre section également en protection de la piste en aval. Je partage son avis car aucun renfort même en état d'alerte, chauffeur au volant, moteurs tournant, hommes en armes à bord, ne pouvait arriver de Dupleix sur les lieux à 6/7 km, en ce temps record.

 

Et cela confirmerait les propos de EC (5) qui a déclaré que la 3ème Cie assurait la protection de la piste à chaque convoi. Il en a fait partie. Mais pas ce jour-là car il était absent de Dupleix.

 

Ainsi quand les renforts arrivèrent sur place, les rebelles avaient disparu. Ils furent confrontés à une scène d'apocalypse. Ils se consacrèrent donc à la recherche des blessés, à leur donner les premiers soins et à les hospitaliser, jusqu'à l'hôpital Maillot à Alger pour les plus gravement atteints. Les morts furent rassemblés et chargés sur les GMC encore en état de rouler. Comme les chauffeurs figuraient parmi les premières victimes, tous ceux titulaires d'un permis civil, même de VL, le devinrent.

 

Les corps furent rapatriés à Dupleix et préparés par des civils, des pieds noirs, avant la pise en bière.

 

Toute la région fut mise en état d'alerte et de nombreuses embuscades tendues. En vain car le secteur était encore "ouvert". Et les commandos héliportés n'arrivèrent que vers 18h/18h30. Le bouclage et le ratissage ne purent débuter que le lendemain matin au petit jour. Les rebelles étaient loin. Ils avaient définitivement gagné leur pari.

 

Le bataillon commando éclata en plusieurs unités pour regagner chacune sa base arrière. Qui dans la région de Marceau, qui vers Ténès, qui enfin, pour la plus importante équipe, en direction de l'Ouarsenis. Ce qui peut être considéré comme certain, c'est qu'aucun des participants à l'embuscade n'a été intercepté durant son repli. (10)

 

La conclusion du Compte Rendu du commandant Cailhol publié dans le Dahra diffère de l'original. Il est question d'une soixantaine de rebelles abattus. Un discours de circonstance pour remonter le moral des troupes. D'ailleurs, c'est le conditionnel qui a été utilisé : "plus de soixante rebelles réguliers auraient été abattus grâce au courage des nôtres".

 

Néanmoins, une énigme demeure. Aucun document officiel ne mentionne l'intervention de la chasse aérienne, ni dans l'heure qui a suivi l'embuscade ni par la suite. Pourtant en cas de coup dur, elle intervenait rapidement et efficacement. Mais a-t-elle été demandée ? Certainement car le contraire m'étonnerait. Le mauvais temps l'a-t-elle empêchée ? Mais pas le 28, car RG souligne un "bel après midi". Parmi ceux qui furent sur le terrain, personne ne s'en souvient.

 

Et pourtant les fells ne se cachaient pas. Le lendemain matin, une patrouille, moins d'une section, du 1/22ème RI a observé un élément rebelle avec mulets, certainement le plus lent, du côté de Beni Boilou (??). Nous ne savons rien de cette position. Mais ce témoignage de Roger Pierre Coureau, un entrefilet publié dans le N° 499 de l'Ancien d'Algérie, confirme l'utilisation de mulets que seul ML (10) a signalé.

 

Bien évidemment les populations locales subirent la vengeance des militaires même si les cadavres n'avaient pas été mutilés. Peut être parce que les rebelles manquèrent de temps. Il est question d'une répression parfois féroce avec tout son contexte d'arrestations arbitraires, de tortures, d'exécutions sommaires, de mechtas incendiées. Le mausolée de Lala Ouda fut même détruit ML (10). Même si le trait paraît parfois outrancier, nous aurions tendance à accréditer ce témoignage qui vise surtout les troupes sénégalaises sans négliger quelques éléments parachutistes et du 22ème RI.

 

S'il faut satisfaire un esprit de vengeance, sachez que Slimane/Sikha et Maâmar/Yahia ont trouvé la mort dans les violents combats de Sidi Madani près de Tamesguida, entre Blida et Médéa, le 15/04/1957.

 

CONCLUSION

 

L'embuscade du 28/02/1957 fut un désastre pour le 22ème RI. Le résultat de "mauvaises"  habitudes répétitives. Mais elles étaient difficiles à éviter. Maintenant nous savons par des témoins que le risque avait bien été pris en compte puisque la piste était protégée. Même si nous pensons que c'était insuffisant. Il semble que les 2 compagnies agissaient chacune séparément, sans aucune coordination. Et si la piste était protégée, elle n'était pas "ouverte" car une partie n'était pas reconnue. Et pas des moindres. C'est peut être la raison pour laquelle cela n'a pas été noté dans le compte rendu (2)

 

Nous ignorons quelle était la répartition habituelle des blindés dans le convoi puisque ce jour-là le half-track a connu un petit incident technique au départ. Mais sa place en dernière position n'était peut-être pas la plus judicieuse. Sur une telle piste, le blindé en fin de convoi ne pourra jamais le remonter. Et si une 12,7, voire une 7,62 ont une portée utile qui dépasse les 1000 mètres, à cette distance, elles manquent notoirement de précision. En fait, elles arrosent et gênent plutôt qu'elles ne repoussent. Même si dans le cas présent, la 12,7 aurait tué 2 rebelles dont un des chefs. Ce dont AR (6) n'est pas persuadé. A sa connaissance, rien ne le prouve. Il n'en reste pas moins que le résultat est là !

 

La piste était très dangereuse compte tenu de sa configuration. En conséquence, ledit jour, le convoi n'était pas suffisamment protégé du fait de sa longueur. Compte tenu du nombre d'hommes par véhicule elle manquait de puissance de feu pour espérer pouvoir repousser l'adversaire par ses propres moyens. Il manquait impérativement une section de protection qui aurait été répartie sur deux véhicules espacés.

 

Il a été dit que le capitaine B aurait été informé par le Morane d'une présence suspecte sur le lieu de l'embuscade et qu'il aurait répondu "je fais armer". Mais trop tard. Ce furent certainement ses dernières paroles.

 

 

Pendant de longues semaines, les convois de Bouyamène furent stoppés et remplacés par des parachutages effectués par des Nord-Atlas. Mais cela ne réglait pas un problème majeur pour le moral de la troupe : l'acheminement du courrier. Pour l'arrivée, il faisait partie du parachutage et toute opportunité était saisie. Un jour, c'est un T6 qui a largué le sac. Mais au départ, les occasions étaient rares. Seuls les hélicos de personnalités pouvaient être utilisés. C'était bien peu...

 

Juste après l'embuscade, le bruit a couru dans le secteur qu'une information avait été communiquée à Dupleix comme quoi les fells avaient aménagé des postes de combat et qu'il fallait prendre des précautions. AR (6) en a eu connaissance. Mais il est difficile de savoir si ce fait est exact ou s'il s'agit d'une simple rumeur résultant du traumatisme qui a suivi le drame. Mais cela traduit la crainte, voir la peur, que les hommes du convoi éprouvaient lorsqu'ils circulaient sur cette piste

 

A noter que, lors de mon séjour en 1960/1961, les "grandes opérations" ayant nettoyé le terrain, Bouyamène comme Bou Zérou, les 2 compagnies du djebel assuraient leur ravitaillement avec leurs propres véhicules et leurs hommes en protection.

 

Cette embuscade, comme celle de Tizi Franco du 09/01/1957, et d'autres qui suivirent,  accréditèrent la mauvaise réputation du 22ème RI, le régiment ayant connu le plus de pertes en AFN.

 

A ce propos, je me rappelle ma "sortie" de Cherchell. Les postes offerts étaient inscrits sur un tableau. Chaque EOR dans l'ordre de sortie choisissait son affectation. Etant PMS j'avais la possibilité de tirer une double affectation car n'ayant pas effectué de CI, étant ADL, je pouvais revenir en métropole pour former les jeunes recrues. Bien classé j'ai pu choisir l'affectation que je briguais : 22ème RI à Ténès puis 93ème RI à Courbevoie alors même que, mon service terminé, je reprenais mon poste civil sur Paris.

 

Mon choix fait, descendant de l'estrade, un capitaine présent m'a murmuré à l'oreille : "Vous avez choisi le régiment le plus décoré à titre posthume". Je me rappelle encore cette réflexion comme si c'était hier. Je ne l'oublierai jamais.

 

 

                                               J-C PICOLET

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 17:47

 

 

 

   HISTOIRE DU 1er BATAILLON du 22e RI

 

 

 

Sur le blog de Michel a été publié, le 1er/12/2008, un historique du 22e RI depuis sa création le 22 mai 1956 à Sathonay dans l’Ain jusqu’à son installation en Algérie. Mais, il est peu fait état du 1er bataillon dans cette aventure.

 

Il est vrai que cette unité a toujours vécu à part de son régiment et a même eu une fin inattendue. Aussi, j’ai décidé d’effacer cet oubli en ne me limitant pas à la simple énumération de quelques dates et de quelques faits des débuts.

 

 

INSTALLATION EN AFN

 

 

Le 1er bataillon a été créé lui aussi le 22/05/1956. Je pourrais dire ressuscité car il descend d’une ancienne et glorieuse lignée. Sa constitution est intervenue au Camp de la Fontaine du Berger sur le territoire d’Orcines, une commune toute proche de Clermont-Ferrand. Il n’était composé pratiquement que de « Rappelés ». Mais pourquoi des Rappelés ?

 

Quand il a été décidé d’envoyer en Algérie pour, a-t-on dit, maintenir l’ordre, les besoins étaient importants. Les moyens étaient donc insuffisants. Et il était hors de question d’envoyer tous les Appelés sous les drapeaux puisque nombre d’entre eux n’avaient aucune formation militaire et ne savaient qu’à peine tenir un fusil. Comme par ailleurs ce n’était pas une guerre, il était impensable de procéder à une mobilisation. C’est, je pense, pour cela que l’on a rappelé ceux qui parfois venaient tout juste d’être démobilisés et qui, théoriquement, pouvaient combattre.

 

Il va sans dire que cette décision ne rencontra pas l’adhésion des intéressés. Ils étaient donc contre d’autant qu’il n’était pas question de défendre notre territoire. En général, l’ambiance dans les unités était mauvaise et l’indiscipline notoire y compris pour les mesures de sécurité. Ce qui contribua sans aucun doute à des pertes importantes.

 

Quoiqu’il en soit, le 31/05, l’effectif du bataillon s’établissait à 820 militaires dont 33 officiers, 115 sous-officiers et 672 hommes de troupes (source JMO du 1/22 comme la quasi totalité des informations de cet article).

 

Le 15/06, le bataillon quitta le camp pour la gare d’Issoire à une trentaine de km au sud de Clermont-Ferrand. Un train spécial gagna Marseille pour le Camp Sainte-Marthe. Et le 16, il embarqua sur la « Ville d’Oran » qui leva l’ancre à 12 H, destination Alger.

 

Le débarquement commença à 7 H et la troupe gagna le camp du 1er REP à Zéralda où elle cantonna jusqu’au 22. Ce jour-là, des camions transportèrent le bataillon à Paul Robert, une ville proche d’Orléansville. Le voyage dura de 8 H à 19 H. Un bivouac l’attendait.

 

Le 1/22e RI, comme tout le régiment d’ailleurs dépendait de la 9e DI constituée pour la circonstance en mai. Son PC sera définitivement installé à Orléansville le 1/09/57.

 

Le 7/07, le bivouac éclate. La 1ère compagnie demeure sur place mais la 2e gagne Rabelais. Le 8/07, la 3e rejoint Masséna et le 9 la 4e s’installe à Fromentin. Enfin le 10, le PC du bataillon et la CCAS cantonnent à Charon. Opération implantation terminée. Et du 27 au 30/07, le 1er bataillon participe à sa première opération (dénommée Opération 301) dans la région de Miliana… à l’est dans la zone de la 9e DI.

Orleansville-avec-Charon.png 

 

MOUVEMENTS DE TROUPES

 

Pour le 1er bataillon, la farandole commence, parfois avec des mouvements apparemment aberrants. Le 31/07, la 4e compagnie quitte alors Fromentin pour Bois Sacré (Gouraya). Elle remplace celle qui occupe les lieux, en renfort du 3e bataillon, depuis le 11/07, à savoir la 6e du 2e bataillon dont le PC est à Montenotte depuis son arrivée en AFN et qui regagne son unité.

 

Arrivent également, la 1ère compagnie à la ferme Maître près de l’embouchure de l’oued Es-Sebt et la 2e également à Gouraya. Puis, le 3/08, la 2e et la 4e partent pour Loudalouze afin de laisser la place au PC du bataillon et à la CCAS à Bois Sacré. Ils n’en bougeront plus.

 

Mais la 3e « débarque » elle aussi à Gouraya le 6/08 pour filer le 10 à Tighret. Et le 11, la 1ère  déménage pour Loudalouze poussant la 4e vers Villebourg le 18.

 

Le 1er bataillon étant maintenant regroupé, son quartier est délimité. Il comprend la commune de Gouraya et les douars de Bouhlal et de Andak. Mais les mouvements continuent avec le transfert de la 2e à Bou Yamen.

 

Suit une période de calme sur le terrain mais l’organisation militaire s’affine avec la création de la zone nord de la 9e DI.

 

Tout d’abord la création du Secteur de Cherchell en août parachève le détachement du 1/22 de son régiment qui va vivre en autonomie jusqu’à la fin. Puis, le 1er/10, le colonel Rieutord, patron du 22e RI depuis le 16/09, est nommé également commandant du Secteur de Tenès qui vient d’être créé.

 

L’intensité des mouvements de troupes diminue notablement. Elle se résume à des ajustements. Comme la mise en sommeil, le 1er/12 de la 4e compagnie dont les effectifs sont répartis mais qui sera néanmoins réactivée le 25/02/57 pour s’installer à la ferme Maître. Ou encore la 3e qui quitte Tighret le 5/12 en laissant une section derrière elle pour gagner Villebourg puis Dupleix le 23. Cette section sera d’ailleurs relevée le 3/02/57 par une autre section de cette compagnie, la 2e. Ou enfin comme le regroupement, à Loudalouze, le 15/02 de toutes les sections de la 1ère.

 

Il n’empêche que sur le terrain les mouvements se multiplient pour couper le FLN de la population, car comme cela a été dit en plagiant Mao Tsé-Toung, « les fellaghas sont dans la population comme un poisson dans l’eau ». La réponse fut simple ; « Enlevez l’eau ». D’où les regroupements de population, la multiplication des petits postes du « Quadrillage », la création des GAD.

 

Mais un problème majeur demeurait, celui des effectifs. En Algérie, celui du 1er bataillon était passé de 850 hommes à 1150 avec les renforts pour retomber à 590 après le départ des rappelés. Et que dire de l’encadrement ramené de 36 officiers à 14 et de 143 sous-officiers à 44. Une calamité !

 

Or, si on pouvait demander pour ceux-ci un effort aux centres de formation, notamment à l’Ecole d’EOR de Cherchell, pour les hommes de troupes les classes « creuses » arrivaient car correspondant à la mobilisation de 1939 pour la « Drôle de Guerre » puis les flots de prisonniers en 1940. Et rien ne pouvait être envisagé avant le « baby boom » de la paix retrouvée. Il fallait donc faire appel en masse aux supplétifs. Ainsi, à la 1ère compagnie de Bou Zérou, si l’effectif était de 120 hommes environ fin 1960, les militaires de carrière et les appelés ne représentaient que 25 % de l’ensemble. Le reste, mis à part quelques rares engagés ou appelés FSNA, était composé de Harkis originaires pour la plus part des 5 douars sur 6 du Sous-quartier de Bou Zérou. Fort heureusement pour nous, les volontaires ne manquaient pas.

 

 

              Il restait le secteur sud-est à contrôler. Aussi, il avait été décidé de construire un poste pour la 1ère compagnie. Les travaux commencèrent mi-1957. Bou Zérou était né. Le 8/07/57, la compagnie quitta Loudalouze pour venir s’y installer et on regroupa toute la population de l’oued Kébir sous sa protection. Et la 1ère section, après réaménagement des lieux, releva à Tighret celle qui s’y trouvait.

 

La mise en place était maintenant terminée et les unités pouvaient se consacrer à leur principale mission.

 

Puis brusquement, contre toute attente, le 1/22 fut dissous le 31/10/1961. Somme toute une mesure logique compte tenu de sa situation ambiguë. Mais pourquoi avoir attendu cinq années pour y procéder.

   Cherchell

  

 

 

LE 146e RI

 

 

CONSTITUTION

 

Dans les faits, le régiment absorba 3 entités particulières. Le 1/22 tel que nous l’avons connu, le 2/2 qui devait se trouver dans la même situation et la compagnie commando de chasse du 146e BI qui en deviendra la 8e compagnie. Mais on peut avoir l’impression que rien ne changea, si ce n’est l’appellation. Au moins pour le 1/22, on retrouve les mêmes hommes aux mêmes endroits et exécutant les mêmes missions. J’ai même l’impression que personne ne remarqua le changement de statut. La meilleure preuve, personne n’en a parlé.

 

Dans son interview, J-P Brésillon ne l’évoque pas, bien qu’il n’ait quitté Bou Zérou qu’en décembre 61. Et il n’en parle absolument pas dans ses articles publiés par Historia Magazine. Et son fils que j’ai rencontré n’en a pas eu connaissance.

 

L’instituteur civil qui officiait à Bou Zérou avec lequel je suis en contact semble l’ignorer. Il était pourtant sur place depuis début octobre 61 jusqu’en mars 62. Il est vrai que c’était un civil mais comme il prenait ses repas avec les sous-officiers, il aurait dû en entendre parler. Mais en ont-ils parlé ? Et les documents remis qui ont été publiés sur le blog (le faire part du Père Cent) indique toujours le 1/22 pour une fête qui s’est tenue le 12/11. Mais peut-être que ces documents ont été imprimés ou pour le moins commandés avant la date fatidique.

 

Mais le plus curieux, c’est le sous-lieutenant Serge Laethier. Je l’ai connu à Bou Zérou et il m’a rejoint au 93e RI au camp de Frileuse début mars 62. Nous nous sommes rappelé des souvenirs, il m’a donné des nouvelles du « front », mais jamais il ne m’a dit qu’il n’y avait plus de 1/22 RI. Sinon, cette nouvelle m’aurait frappé et je me la rappellerai alors que je l’ai apprise récemment en lisant le JMO de ce bataillon.

 

Quoi qu’il en soit, le 146e RI a bien existé et son premier commandant en fut le Colonel de Lassus Saint-Geniès par ailleurs commandant du Secteur de Cherchell. Pour peu de temps puisqu’il a quitté ses hommes le 19/11/61. Le 1/22 devint le Groupe de Compagnies n° 1 du 146e RI avec le Commandant Ledoux à sa tête.

 

ACTIVITÉ

 

Jusqu’au mois de février 1962, le JMO (de l’ex-1/22) rapporte des faits tels que précédemment. Si ce n’est la suppression du convoi Francis Garnier-Tenès le 25/12/61. Une page a été tournée. Ce fut le commencement de la fin. Et l’année 1962, dès le mois de février, se présenta mal. Comme si le résultat des accords d’Evian était connu. En fait, on n’en attendait rien car on savait que nous étions prêts à tout lâcher pour nous sortir au plus vite de cette situation.

 

 

              Le 12/02, ce fut le démontage de Tighret et de 844 et le repli sur Bou Zérou. Ce poste avait dû remplir son rôle puisqu’il était haï. Ce qui lui valu d’être saccagé le 11/03. Et peut-être par des civils. Le 6/03, nous abandonnâmes Sidi Yahia et Beni Hatteta.

 

Et, le fin du fin, le 20/03 nous abandonnions le poste de Bou Zérou à la 2e batterie du 43e RA, une unité de la nouvelle Force Locale en lui laissant les armes, les munitions, les matériels divers ainsi que les bâtiments. Une note de la hiérarchie précise même que tout doit être remis en excellent état, pas même un carreau cassé était-il précisé. Le 22/03, nous agissions de même pour Bou Yamene, Pointe Rouge et Dupleix.

 

Ce qui, bien évidemment, entraina le désarmement des GAD de Bou Zérou le 24 03 comme ceux par ailleurs de Sidi Salem, de Béni Hattéta et d’Iril Ourzou. Néanmoins nous avons continué à administrer nos Harkis.

 

Et le retrait se poursuivit. Le 5/04 Bou Zérou fut définitivement abandonné. De même que Loudalouze. Et le 20 ce fut le tour de Villebourg. Le Quartier de Gouraya rétrécissait comme une peau de chagrin.

 

Mais comme nous l’a dit JD, notre instituteur de Bou Zérou, présent sur place à cette époque, vraisemblablement en sous-main, la 1ère compagnie a pris la précaution de largement approvisionner le GAD de Larioudrenne en armes, munitions et grenades car il lui fallait des moyens pour éviter d’être exterminé.

 

Donc, exit la 1ère compagnie qui n’a plus d’activité. Depuis le 3/04, elle est devenue, comme prévu aux accords, Compagnie Cadre de la Force Locale théoriquement basée à Villebourg mais en fait à Bois Sacré comme l’a indiqué JD. Après l’évacuation de Villebourg, la 1ère compagnie n’est plus retenue dans la Force Locale et le 21/04, elle part s’installer au Chenoua-Plage, site touristique très connu et près prisé du  Chenoua, djebel situé à l’est près de Cherchell.

 

Comme je l’ai dit, le JMO du GCN° 1 est correctement tenu jusqu’aux Accords d’Evian. Si ce n’est que les opérations diminuent pour finalement disparaître. Au contraire des désertions avec armes de Harkis, de Gad, d’Appelés FSNA qui elles progressent. Les « ralliés » habituels de la 25e heure.

 

A compter du 19/03/62, la teneur change. On ne rapporte plus que les distributions de tracts (FNL mais aussi OAS), les vols, les braquages, les pillages, les dégradations sur les bâtiments et surtout les personnes exécutées parfois non identifiées, souvent mutilées, que l’on découvre dans des sacs, des caisses commises par le FNL voire l’OAS. Chaque fait est rapporté brièvement mais avec précision dans le pur style militaire adéquat. C’est effroyable ! Incroyable !

 

A compter du mois de mai, les rédacteurs du JMO, peut-être blasés, sinon écœurés voire désabusés, se contentent de signaler les faits en les classant par nature et en les quantifiant : x vols, x assassinats sans aucune autre information. Cela devient totalement abstrait, il n’y a plus de place pour l’affectivité. Les JMO n’existent plus puisqu’ils n’apportent plus rien. Ils ne nous disent même plus ce que deviennent ces unités qui se retirent. On n’a la désagréable impression qu’elles s’évaporent. Mais, peut-être avaient-ils des instructions.

 

Tout juste apprenons-nous que le CCR (ex-146e BI) est dissous le 31/05/62. Et les autres ?

 

Pourtant, on signale toujours, après cette date, des mouvements pour des familles « récupérées ». Par exemple le 28/06 pour des familles de la région de Gouraya (Harkis, GAD ?) prises à partie par la populace avec un bilan de 2 FSNA tués et 2 blessés. Sans plus. Ou encore, le 20/08, le départ pour la métropole, depuis le camp de Souma, de familles récupérées. Le camp, les camps de Souma, prés de Blida ont été des centres de regroupement pour le rapatriement. Ils furent utilisés ensuite par le FNL mais pour d’autres raisons…

 

 

 

 

On ne peut que regretter tant de témoignages perdus ! Mais peut-on les passer sous silence, les oublier ? Je n’en suis pas sûr !

 

Pour cette raison, avant de terminer cet article, je voudrais évoquer un fait inscrit sur le JMO (ex-1/22) à la date du 31/03/62. Ce jour-là on relève que 2 GAD (membres) de Béni Nador et l’intégralité du GAD de Larioudrenne ont déserté. Comment cela est-il possible ? A cette date, le FNL a gagné sur le tapis vert la guerre qu’il a perdue sur le terrain. Donc plus personne ne déserte.

 

Ces 2 villages étaient très près l’un de l’autre. C’est donc une opération concertée. Larioudrenne était un GAD absolument sûr. Il était puissamment armé. Si ma mémoire est exacte, en 1960/61, il disposait d’une soixantaine de fusils, moitié guerre / moitié chasse comme le voulait la norme. Mais aussi de 2 PM, ce qui était excessivement rare. Vers la fin mars, selon JD son armement avait été sérieusement complété. Il avait même reçu des grenades. Alors a-t-il déserté ? NON ! Le village a été abandonné.

 

Je me rappelle un échange courant 1961 avec le chef du GAD, Khadir Mohamed, que j’ai inclus dans mes souvenirs publiés sur ce blog à compter du 4/08/2009 . Nous évoquions alors la situation locale. J’étais loin d’imaginer ce qui s’est finalement produit mais Khadir ne partageait pas mon optimisme et m’avait alors déclaré : « Mon lieutenant, quand les militaires quitteront la crête (Bou Zérou), je serai à la mer avant eux ». Il avait vu juste et aussi tenu parole.

 

L’information du JMO n’était pas très claire mais elle faisait état de 90 fusils de chasse et de 4 fusils de guerre ce qui confirme ce que m’a dit JD. Mais, si on peut estimer correct le total, la répartition me semble douteuse. Le chef Khadir n’aurait jamais rendu des armes de guerre même en échange d’armes de chasse et surtout pas ses PM. Sauf s’il ne s’agissait que d’une mesure pour gagner un lieu sûr sous la protection de l’Armée avant un transfert. Pour moi, cette annotation au JMO est un écran de fumée. Je m’étonne même qu’elle ait été transcrite.

 

Le sort de Khadir et de sa famille m’a toujours tourneboulé. Jusqu’au début de 2010 quand j’ai été contacté, par l’intermédiaire du blog, par un de ses petits-fils. J’ai ainsi eu quelques informations mais pas autant que je l’aurais souhaité. En 1962, toute la famille Khadir est arrivée en France, en Auvergne, puis s’est retrouvée dans le Var. Par la suite elle s’est dispersée. Certains sont restés sur place, d’autres ont gagné Caen, d’autres enfin la Haute-Savoie. Le chef de famille est décédé en 1967.

 

Mais quelle ne fut pas ma surprise, en cherchant des renseignements pour cet article sur le Net, de découvrir un blog au nom de « Famille Khadir de Haute-Savoie » avec une adresse e-mail « gouraya74 ». Compte tenu de ce que je savais, j’ai été interpelé. J’ai creusé. Il s’agissait d’une réunion familiale locale. Mais on évoquait la branche de Caen et sur un forum apparaissait le prénom de Hakim, le même que celui de mon correspondant de début 2010. Effectivement, c’était bien les descendants du chef que j’ai connu.

 

 

      Pour clore cet article, sachez que le 31/10/63, le 146e RI a été officiellement dissous au camp de Sissonne.

 

Jean Claude PICOLET.

 

 

                                                                                                                                                                        

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 18:06

NOTRE DRAPEAU

 

Le 10 décembre 2010, j'écrivais sur le blog un article intitulé "LE DRAPEAU DU 22ème R.I.". Malgré toutes mes recherches, je n'avais à l'époque trouvé aucune photo du drapeau, et je m'étais contenté d'un fac-similé.

Le même jour j'écrivais au musée de l'Armée à l'Hôtel des Invalides en sollicitant une photo de notre drapeau.

Le 07 janvier 2011 j'obtenais une réponse me précisant qu'ils possédaient dans les archives notre drapeau et qu'il fallait m'adresser à la R.M.N.(réunion des musées nationaux) pour obtenir ces photos. A deux reprises en janvier et février 2011 je sollicitais ces photos par Internet à l'aide de la fiche contact de leur site.

N'obtenant pas de réponse, je chargeais un ami, Jean Claude PICOLET de reprendre le flambeau.

Il vient d'obtenir ces photos dont il a supporté seul le coût, et me les a fait parvenir.

Merci Jean Claude au nom de tous les anciens du régiment.

Ce drapeau n'est plus tout neuf, mais je pense qu'il n'en a que plus de valeur. Il date vraisemblablement du début de la République Française et il ne porte que le nom des premières batailles où il s'est illustré, à l'exception de VALMY qui a disparu.

J'ai trouvé il y a quelque temps, deux photos de la garde du drapeau de 1958 et de 1999 que j'ai réintégrées dans l'article "LE DRAPEAU DU 22ème R.I."

Je vous rappelle ci-après les batailles où notre régiment s'est illustré et qui figurent sur son drapeau :

·        VALMY  1792

·        HONDSCHOTTE  1793

·        MARENGO  1800

·        LUTZEN  1813

·        ANVERS  1832

·        CHAMPAGNE  1915

·        LA MALMAISON  1917

·        SOMME 6 PY  1918

·        REIMS  1918

·        A.F.N.  1952 – 1962

Et qui figurent sur l'actuel drapeau dont le 22ème Bataillon d'Infanterie assure la garde.

 

 drapeau-22-R.I.-avers.jpg

 

 

Drapeau-22-R.I.-revers.jpg

 

 

 

Ces photos ont été réalisées par la R.M.N. (Réunion des Musées Nationaux).

 

Michel avec la collaboration de Jean Claude PICOLET.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 13:38

LES COMMANDOS "PARTISAN" DE LA GENDARMERIE DANS LA 9ème D.I. EN ALGERIE

 

 

commando hubert

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·                                 insigne distinctif des commandos de chasse

·                                 histoire d'un insigne

·                                 September 2005

 

Sunday, September 18, 2005

Insigne distinctif des commandos de chasse


Insigne distinctif des Commandos de Chasse

insigne tissus cdo1

En juillet 1959, le général
CHALLE, créateur des commandos de chasse, décide d’autoriser le port d’un insigne de bras distinctif pour les personnels des commandos de chasse qui se sont particulièrement distingués par leurs qualités comme par leur efficacité.

Cet insigne doit être considéré comme une distinction collective destinée à récompenser le commando en fonction de sa valeur intrinsèque, de son activité opérationnelle, des résultats obtenus. L’insigne sera porté de plein droit par tous les personnels des commandos auxquels il aura été remis. Ce droit cessera automatiquement lorsque ces personnels quitteront les rangs des commandos pour quelque raison que ce soit. Une liste officielle des commandos autorisés à porter l’insigne est régulièrement tenue à jour avec addition ou retrait de certains.

A la demande des chefs de commandos, cette discrimination sera supprimée par le général
CREPIN (note du 7 février 1961.

Cet insigne, en tissu, de forme écu français ancien de couleur rouge, comporte un trident argent et noir représentant un trident de gardian (1) avec, en chef, Commandos de chasse de couleur blanche. Il était porté sur le haut du bras gauche

. 40 000 insignes( sous toutes réserves) furent fabriqués à partir d’août 1959 et livré par le S.F.H. de Vannes.

(1 -
ce trident surmontait la hampe du fanion de commandement du Général CHALLE instigateur des Commandos de Chasse)



B.BRETON

 

Friday, September 09, 2005

Histoire d'un insigne



Histoire d’un insigne


En juillet 1959, suite à un entretien avec le Général CHALLE, le Général MORIN, commandant la gendarmerie en Algérie accepte la participation de la gendarmerie à l’encadrement de commandos de chasse.

Par décision ministérielle n° 02196 MA Gend. du 18/7/59 l’autorisation de prélever des officiers et sous-officiers volontaires
est donnée au général MORIN.

Six commandos verront le jour et prendront le nom de « Partisan ». Mis à la disposition du général commandant la 9ème division d’infanterie et la Z.O.A., ils seront stationnés :

Partisan 20 à Aïn-Lelou, au pied de l’Ouarsenis,
Partisan 21 à Téniet el Haad à la station de pompage,
Partisan 22 à Dupleix,
Partisan 26 à Flatters puis à Tourira, au seuil du djebel Bissa, Partisan 43 à Bordj Baach et
Partisan 44 à Marceau puis à Aïn N’Sour, entre les deux ‘’Zaccar’’.

Chaque commando est composé de 100 supplétifs environ encadré par 2 officiers et 19 sous-officiers, tous militaires de la gendarmerie et volontaires. Les harkis vivaient à proximité de leur famille sauf ceux de P.21, P26 et P.44 qui ne rejoignaient la leur que 4 jours par mois.

A ces 6 commandos s’ajoute un détachement héliporté d’exploitation de renseignements (D.H.E.R.) connu sous le nom de ‘’ Partisan noir’’. Ce commando est commandé par un officier détaché d’un des 6 commandos et constitué de 6 stiks a l’effectif d’un gendarme et de 8 harkis provenant des 6 commandos. Ils sont relevés, en principe tous les 2 mois.

Stationné sur la base aérienne de MOUAFEKIA, secteur d’Orléansville il dispose de 6 Sikorsky H 34 et d’un ‘pirate’’ armé d’un canon de 20 m/m. Ces 7 commandos sont coiffés par une unité de commandement composée d’un officier et de quelques sous-officiers et stationnée à la caserne de la gendarmerie mobile à Orléansville.


ARMEMENT : Chaque commando dépendant d’un corps support, l’armement était fonction du dit corps et pouvait aller du tout U.S au tout Français en passant par le 50/50.

HABILLEMENT : comme l’armement, l’habillement et les équipements étaient tributaires du corps support. En général le ‘’paquetage’’ du commando, troupe et cadre, était composé d’une tenue comportant veste camouflée, pantalon treillis kaki, veste fourrée ou matelassée, djellaba, pataugas et rangers. Un béret camouflé ou une casquette ‘’Bigeard’’ complétait ce paquetage.

INSIGNE DE COIFFURE :

beret codoLe capitaine SCHAEFER, premier commandant du groupement des commandos dotera les personnels d’une coiffure de prestige sous la forme d’un béret aux couleurs de l’Arme bleue et noire. Il fait également réaliser, par la maison AUGIS, un insigne circulaire de béret, en métal argenté, représentant un épervier aux ailes déployées et serres en avant surmonté par une grenade symbolisant
la Gendarmerie.

INSIGNE DE POITRINE :


Commando-insigne-de-poitrine.jpgEn 1961, l’homologation de l’insigne de béret ayant été refusé sous prétexte que la question des insignes de béret était à l’étude au bureau de la Symbolique Militaire, le chef d’escadron FOURRE, 2ème commandant du groupe des commandos, fit réaliser, toujours par la maison AUGIS, un insigne de poitrine reprenant le même motif que celui du béret sur un écu français argenté et émaillé tranché noir et bleu, portant en chef l’inscription ‘’ COMMANDO de CHASSE ‘’ et en pointe ‘’ GENDARMERIE ‘’.
L’insigne homologué par décision EMA/SH/Sym.G 1792 du 27/3/61 fit l’objet d’une commande de 500 exemplaires (prix unitaire 4 N.F.) Un insigne fut remis à chaque cadre présent et envoyé à tous ceux ayant servi dans les commandos avant la fabrication de l’insigne.

Dans l’esprit du chef d’escadron FOURRE, l’insigne de poitrine devait constituer une sorte de ‘’Brevet’’ de passage aux commandos que seraient seuls autorisés à porter ceux qui auraient effectué au moins quatre mois de présence effective dans les unités, sauf blessure au combat et devait être numéroté.
Une note de service dans ce sens fut envoyée à chaque chef de commando en novembre 1961 accompagné d’un exemplaire du nouvel insigne.

Les commandos de chasse furent dissous le 30/5/1962.

Après 30 mois d’existence les pertes des commandos furent : Tués 2 officiers 12 sous-officiers 23 harkis.
Blessés : 2 officiers 14 sous-officiers et 39 harkis.
Pertes rebelles : 621 tués 331 prisonniers 750 armes récupérées.

Vu la dissolution des commandos le 30 mai 1962 il est peu probable que l’insigne de poitrine ait fait l’objet d’une 2ème commande.

Par contre la maison F.I.A (ex-AUGIS) a réalisé une refrappe de l’insigne de béret ainsi que de l’insigne de poitrine


BRETON Bernard, ancien de Partisan 44

http://b-breton.blogspot.com/


SOURCES :

- Documentation personnelle,
-Commandos de chasse Gendarmerie’’ de Jean-François ALLES,
- Les harkis au service de la France’’ du bachaga BOUALAM.


 





 

 

 

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 09:24

LE DRAPEAU DU 22ème REGIMENT D'INFANTERIE

 

Le 22ème Régiment d'Infanterie  dissous en 1992, la garde de son drapeau fut confiée au 22ème Bataillon d'Infanterie.

Sur cet étendard sont inscrits en lettres d'or les noms des batailles ou des opérations où il s'est illustré.

 

- Valmy  1792 

- Hondschoote  1793

- Marengo  1800

- Lutzen  1813

- Anvers  1832

- Champagne  1915

- La Malmaison  1917

- Somme-Py  1918

- Reims  1918

- A.F.N.  1952-1962

   

 

drapeau-du-22eme-R.I-png

 

 

la-garde-du-drapeau-en-1958.jpg

 

                                                                 La Garde du drapeau en 1958 en ALGERIE.

 

22_RI-garde-du-drapeau-1999.jpg

 

 

                                                     La garde du drapeau par le 22ème B.I. en 1999 à LYON.

 

 

       Ces 2 photos sont extraites du site internet :

 

       http://www.museemilitairelyon.com/spip.php?article114 

 

        Michel.                      

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22 avril 2009 3 22 /04 /avril /2009 14:25

L' HISTOIRE DES MINES DE BREIRA
ET DE BENI-AKIL


Les mines de BREIRA et de BENI-AKIL appartenaient à la société BELGE des mines de ROUINA, propriétaire par ailleurs de la mine de ROUINA près de DUPERRE.
Ouvertes en 1909, les mines de BREIRA ont été exploitées à ciel ouvert, jusqu'en 1923, puis l'extraction est devenue souterraine. L'exploitation, fût abandonnée en 1960.
Le minerai de fer était acheminé à la côte par un téléphérique de 9 kilomètres de longueur à travers la montagne. Il partait de BREIRA, et au passage desservait BENI-AKIL . Il aboutissait à PORT BREIRA sur l' ilôt SIDI DJILALI. Les
bennes pouvaient transporter jusqu'à 30 tonnes de minerai. Aucun quai, ni aménagement, n'avaient été construit, mais la profondeur de la mer à cet emplacement, permettait aux minéraliers de venir s'ancrer près de l' ilot. Les bateaux étaient chargés par un tapis roulant d'une trentaine de mètres de longueur;
En 1958/1960 , la benne au retour servait pour l'approvisionnement en nourriture et en munitions, de la 6ème Compagnie du 2/22ème Régiment d'Infanterie, en poste à BREIRA et à BENI-AKIL. Cette utilisation, évitait les convois de ravitaillement sur des pistes qui étaient particulièrement dangereuses à cette époque.




Collection Fernand BERNHARD.

Le poste de la 6ème Compagnie à BREIRA.



Collection BORTOLOTTI.

L'ilot SIDI DJILALI à PORT BREIRA on aperçoit le pylône d'arrivée du téléphérique.



Collection Fernand BERNHARD.

Le chargeur aux mines de BREIRA.



Collection Fernand BERNHARD.

Les wagonnets sortant de la mine de BREIRA.


Michel FETIVEAU.

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 10:08

HISTORIQUE

Le 22ème Régiment d'Infanterie créé en 1791 à partir du régiment Viennois et des Bataillons de Guyenne fut dissous en 1815 puis reconstitué en 1820. Il combat en Espagne, au siège d' Anvers, participe à la conquête de l' Algérie, à la campagne d'Italie (1859), puis à la guerre de 1870. A Lutzen et sous les yeux de l' Empereur il mérita cet éloge de lui:  " il y a vingt ans que je commande des armées et je n'ai jamais vu tant de bravoure et de dévouement".

Il s'illustre au cours de la grande guerre (4 citations), participe aux campagne 1939-1944, puis aux opérations en Algérie (1956-1962). Dissous en 1964 il est recréé en 1984 comme GMR n° 5/22 R.I. Implanté à Lyon comme soutien de la CMD il reprendra en1991 l'appellation de 22ème R.I. Dissous depuis. Sur son étendard était inscrit: Hondschoote 1793 - Marengo 1800 - Lutzen 1813 - Anvers 1832 . Il survit sous l'appellation de 22ème Bataillon d'infanterie ( gardant le drapeau).



MILITAIRES DU 22ème RI SOUS L'EMPIRE


                                        

         Voltigeur 22ème R.I.                      Sapeur 22ème R.I.                     Officier d'Infanterie 22ème R.I.



DRAPEAUX DU 22ème R.I. SOUS L'EMPIRE







FANIONS  D'ALIGNEMENT ROYAL


 



DRAPEAUX EN 1791 


                                           



 L'INSIGNE DU 22ème R.I.


 
Son insigne représente le drapeau d'ordonnance du régiment Viennois les couleurs violet et cramoisi proviennent du drapeau d'ordonnance de Guyenne, le lion du blason de Guyenne. La croix blanche rappelle la royauté.


Michel Fétiveau avec la collaboration de Claude Rochard.

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