UNE EMBUSCADE DEJOUEE A PROXIMITE DE BORDJ BAACH
Ce sont de jeunes rappelés de Savoie, du Lyonnais et des Hautes Alpes qui ont anéanti, mardi après midi, l'une des plus fortes bandes rebelles opérant dans la région de Ténès. Un lieutenant de l'unité engagée, le 22ème R.I., a fait hier soir aux journalistes le récit de cette brillante opération, au cours de laquelle les rappelés se conduirent en vieux baroudeurs.
L'embuscade déjouée.
Les fellaghas préparaient une embuscade sur la piste des crêtes reliant Bordj Baach à la maison forestière d'Ouachach, à 20 kms de Ténès, quand une forte patrouille (2 compagnies portées) les surprit : ce fut une débandade sans pareille. Les bandits abandonnant armes et outils filèrent à toutes jambes en direction d'un profond thalweg tapissé de rocailles sous le feu des soldats qui avaient mis pied à terre.
Pendant plus de trois quarts d'heure, mortiers de 8, canon de 75 sans recul, roquettes et mitrailleuses, "marmitèrent" le coin.
Une dizaine de hors la loi restèrent sur le terrain, certains cependant avaient gagné les rochers.
4 mechtas fortifiées : le P.C. rebelle.
A 16 h. 30, le commandant ordonnait la fouille du terrain. Comme un groupe de soldats approchait d'une large anfractuosité, après une progression d'environ 200 mètres, la fusillade éclata. Six bandits réfugiés dans une grotte venaient d'ouvrir le feu : un jeune sergent rappelé originaire des Hautes-Alpes, fut mortellement atteint. Une chevrotine s'écrasa contre l'étui pistolet du commandant de l'unité.
A la grenade et au P.M. le bouchon rebelle fut réduit. Ce bouchon protégeait l'approche de quatre mechtas fortifiées : le P.C. rebelle.
40 fellaghas abattus, un prisonnier.
Il fallu réduire au canon de 75 et au bazooka ces blockhaus d'un nouveau genre : les fellaghas avaient disposé des épaulements à toutes les entrées et des sacs de sable tout autour des murs. Au cours de l'engagement deux soldats furent blessés. L'un d'eux mourut quelques heures plus tard.
La nuit était tombée quand le combat prit fin. Une quarantaine de bandits avaient été tués. Un blessé fut fait prisonnier. Presque tous étaient en uniforme bleu ou vert.
Les soldats avant de regagner leur cantonnement récupèrent une quinzaine de fusils et un pistolet mitrailleur Thomson, des munitions de tout calibre, des explosifs, des artifices et même une carte de la région tracée sur un tissus blanc.
Dans la nuit, les rebelles emportent les morts.
Hier matin, quand la troupe revint sur les lieux, la plupart des cadavres avaient disparu. On ne retrouva, en effet, que trois corps de rebelles sur le terrain. Dans la nuit, les bandits avaient évacué leurs morts. Les militaires ont néanmoins récupéré un autre pistolet mitrailleur Thompson, 5 fusils, 1 pistolet automatique, et un révolver.
Dans un vaste périmètre, la population probablement poussée par les rebelles survivants ont déserté leurs habitations.
Cet article est extrait du journal "L'écho d'Alger".