LE COMMANDO PARTISAN P.22 A DUPLEIX
ALEXANDRE et GRAS…..et les Partisans P22. Qui ne se rappelle pas de ces deux "lascars"?
Au mois de juillet 1959, la Gendarmerie Nationale recevait l'ordre de fournir des officiers gradés et gendarmes pour encadrer des "commandos de chasse de Gendarmerie". Vingt et une légions de gendarmerie départementale et mobile de la Métropole, d'Algérie, du Maroc et d'Allemagne, envoyèrent des volontaires. Après une formation, au centre d'entraînement et de perfectionnement d'OUED-FODDA, ils rejoignirent leurs six commandos, baptisés "Partisans" suivi d'un numéro de série.
- Partisan 20, stationné à Aïn-Lelou (Orléansville).
- Partisan 21, stationné à Téniet-El-Haad (Sersou).
- Partisan 22, stationné à Dupleix, commandé par le lieutenant Nicolaon, assisté du lieutenant Oswald.
- Partisan 26, stationné à Flatters (Orléansville).
- Partisan 43, stationné à Bordj-Baache (Ténès).
- Partisan 44, Stationné à Pointe Iad.
L'effectif de ces commandos comprenait : 3 officiers, 19 gradés et gendarmes, 100 harkis. L'armement se composait essentiellement de P.M. de P.A., de fusils et de F.M. Les liaisons étaient assurées par des ANPR C10 et des TRPP 8. Tout le personnel était équipé d'équipements spéciaux : vestes et casquettes camouflées, djellabas, sacs et anoraks.
L'unité est articulé en un peloton de commandement et trois pelotons de combat, formés eux-mêmes en sticks, (voltige, choc ou feu) constitués à la demande. Très vite cette unité devint une bonne compagnie légère d'infanterie, pratiquant un combat sans secret ni mystère, avec une action reposant sur trois principes :
- Mouvement de nuit – Immobilité et invisibilité de jour aux fins d'observation – Embuscades et coups de main.
Les conditions de vie des commandos de chasse sont sévères mais supportables : le rythme opérationnel est de l'ordre de vingt jours d'opération par mois. Les cantonnements sont généralement convenables, soit d'origine comme à DUPLEIX (P 22) à la ferme Buthion ou à MARCEAU, soit plus sommaire, comme à Aïn-Lelou.
Les harkis, sont de humbles fellahs, pauvres et loyaux, dotés d'une grande faculté d'adaptation sur le terrain, des soldats d'un courage, d'une ardeur et d'une discipline sans faiblesse.
Sur les six cents harkis recrutés pour l'ensemble des commandos de chasse Gendarmerie, du 1er décembre 1959 au 30 avril 1962, aucune désertion ne fut enregistrée.
Les premières interventions et résultats de P 22. Le commando désigné sous l'appellation de Pandore 32 s'installe à DUPLEIX dans une ferme encore exploitée par la famille BUTHION. Il s'était déjà familiarisé avec la région pendant les trois semaines de stage d'OUED-FODDA, en organisant des embuscades dans la vallée de DAMOUS et connaîtra ses premiers succès les 11 et 12 octobre, en compagnie du 1er Bataillon du 22ème R.I., dans le secteur de GOURAYA.
Le 7 novembre, au cours d'une opération de chasse libre, un rebelle est mis hors de combat et de nombreux suspects sont appréhendés, mais le caporal harki KERKANE Aïssa est tué. C'est le premier mort au combat, des commandos de gendarmerie.
Une décision inattendue va réjouir les hommes de Pandore 32, le commando est appelé à défiler à ALGER pour les cérémonies du 11 novembre et il bénéficiera d'un quartier libre de 24 heures dans cette ville. Dès son retour à DUPLEIX, il reçoit la visite du Général MASSU commandant le corps d'armée d'ALGER.
Au cours de la deuxième quinzaine de novembre, Pandore 32, prend l'appellation de Partisan 22 et obtient quelques résultats encourageants mais, le 2 décembre, le caporal infirmier détaché par le service de santé est tué en opération dans la région du djebel BOU-TOUIL.
Trois jours plus tard, le capitaine CROMBEZ est hospitalisé, le lieutenant OSWALD le remplace à la tête de l'unité.
Le 2 février, le lieutenant NICOLAON, prend le commandement de P22 à la place du capitaine CROMBEZ malade et rapatrié en France dix jours plus tard. Le commando obtient des résultats le 4 mars au levé du jour, dans le massif des Béni-bou-Mileuk, un élément rebelle perd 2 hommes et leur armement dans une embuscade montée par la section du lieutenant OSWALD et du gendarme ALEXANDRE.
En juillet, l'opération "Tornado" se poursuit dans le djebel BISSA et P22 y est régulièrement engagé. Le 12 juillet, des civils et un groupe de harkis du 22ème R.I. et P22, en permission au douar Sidi Hamada, à quelques kilomètres de DUPLEIX, échangent des coups de feu avec une bande de rebelles qui perd un homme, mais le harki YOUSFI Djelloul de P22 est également tué.
Les opérations vont alors se succéder, Cigale, Epervier, Vautour, Rodéo, et les hommes des 6 commandos de chasse vont s'y illustrer et ce jusqu'au jour du dénouement, le 19 mars à midi, avec le cessez le feu.
Dans les commandos, toutes les activités opérationnelles ont, bien entendu, été arrêtées. Au cours de la première semaine d'avril plusieurs désertions se produisent, à P22 le 8 avril une seule : S…. Mohamed. Va se poser alors la question des harkis : trois solutions leurs sont offertes. Ils peuvent s'engager dans l'armée ou retourner dans la vie civile avec une prime de licenciement ou encore être placés dans une position d'attente, en souscrivant un contrat civil de six mois.
La quasi-totalité souhaite s'engager mais, comme rien n'est prévu pour que les familles suivent, ce choix les conduit tout simplement à abandonner les leurs. Certains harkis vont choisir d'abandonner une prime qu'ils jugent ridicule et rejoindre les rebelles en emportant leur arme, avec l'espoir que ce gage sera suffisant pour les réhabiliter aux yeux de ceux qu'ils avaient combattus.
Le 14 avril 1962, sur 550 harkis que comptaient les commandos de gendarmerie, lors du cessez le feu, il n'en reste plus que 95 dans les unités.
Pour le personnel d'encadrement, leur sort sera fixé le 15 avril par le Général BOULANGER. Partisan 22, fera mouvement sur Mouafékia le 17 avril, sera dissout le 17 avril 1962 et le lieutenant CARRADEC abandonne la ferme BUTHION le lendemain.
Le 1er Mai, dans son ordre du jour, le Général BOULANGER fait état des succès et des pertes des commandos de chasse de Gendarmerie entre le 1er décembre 1959 et le 30 Avril 1962 et souligne que "par sa brillante réussite en zone Ouest Algérois, le groupe de commandos a fait grandement honneur à l'Arme d'élite qu'est la gendarmerie"; Le bilan se chiffre par 952 rebelles hors de combat et 359 armes saisies et pour Partisan 22 : 43 tués, 48 prisonniers, 28 armes de guerre (F.C P.A) saisies ainsi que 19 grenades et obus.
Durant la même période, les pertes des commandos se sont élevées à 37 tués, deux officiers (un Capitaine et un lieutenant), trois sous officiers, neuf gendarmes et vingt trois harkis et 56 blessés, (seize gendarmes ainsi que quarante harkis). GLOIRE LEUR SOIT RENDUE.
MON COMBAT, par Marcel ALEXANDRE.
Engagé volontaire aux commandos parachutistes à VANNES (Morbihan) au 1er ½ B.C.C.P. Engagé d'urgence en octobre 1950, je sers au 1er, 2ème et 7ème B.C.C.P., pendant une période de 6 ans..
Ma participation aux principaux combats sont : SONTAY – NIM-BINH et KOA-BINH. L'année 1954, sera le repli d'HANKE-PLE-KUH, où je recevrai ma médaille militaire au feu.
Je rentre en France en Août 1956, après avoir effectué quatre sauts opérationnels, dont le dernier me fut fatal et me rendit inapte aux paras.
Entré en Gendarmerie, je sers en ALGERIE à l'escadron d'ISSERVILLE LES ISSERTS, puis à celui de CHERCHELL et enfin détaché au peloton routier de DUPLEIX. Volontaire pour les commandos de chasse de Gendarmerie de Juillet 1958 à 1962. Au mois d'août 1962, je me retrouve comme instructeur à l'école de Gendarmerie à BRAZAVILLE et conseillé commando auprès du Président Fulbert YOULOU, puis je rentre en France en juillet 1965 pour être expédié comme chef de section dans les mines de manganèse à MOUANDA (Gabon).L
De retour en France, je suis de nouveau mis à caution, comme commandant de brigade à CHAMPENOUX (54) pour les évènements de mai 1968.
Je suis titulaire de 9 citations de Médaille Militaire, Chevalier de la Légion d'Honneur le 13 juillet 1974, officier de la légion d'Honneur le 20 mai 2004, J'ai également été blessé deux fois.
Ce texte est extrait du livre "Si DUPLEIX m'était conté". De Mr Roger LIBOUREL
Il m'a été communiqué par Raymond FOISSAC.