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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 09:05

UN NOUVEAU TEMOIGNAGE SUR L'EMBUSCADE

DU 9 JANVIER 1959 ENTRE TENES ET LE CAP TENES

 

J'ai déjà publié sur le blog plusieurs articles qui traitent de cette embuscade.

 

Dans l'ordre de parution :

 

- Le 15/02/2009. Le phare du Cap Ténès.

- Le 24/06/2009. Une station radio goniométrique au sommet du Cap Ténès.

-Le 16/03/2010. Témoignages sur l'embuscade du 9 janvier 1959 entre Ténès et le Cap Ténès.

 

Je viens d'être contacté par Claude GUY qui se trouvait dans le convoi, et qui fait partie avec une dizaine d'autres des rescapés de cette embuscade.

 

Je lui laisse la parole.

 

Claude GUY.

Extrait de mes mémoires écrites en 2011 et 2012, en hommage à mes amis décédés.

 

…….Après 3 mois de ce régime, l'avion me reconduit à ma base et j'en profite pour passer les pelotons.

 

Nouvelle affectation : un poste isolé en montagne a subi des pertes le 25 septembre 1958, cinq aviateurs sont tués dans une embuscade entre le poste bas et le centre "gonio" situé au sommet du Cap Ténès.

Ce poste se situe à environ 6 kms à l'Est de la ville de Ténès, en bordure de côte, entre Alger et Oran ; il faut remplacer les morts.

Un camion nous conduit à cette unité en passant par Orléansville, la route côtière est fermée à cause des embuscades permanentes dans cette zone, les rebelles sont nombreux et bien armés.

 

Sur nos gardes, nous traversons les montagnes et enfin nous arrivons dans ce poste réparti en deux positions, l'un près de la mer pour le stockage des besoins d'environ 30 soldats.

 Camp-des-aviateurs-au-Cap-TENES--2.jpg

 

Le poste de bord de mer. Photo Claude Guy.

 

L'autre au sommet de la montagne, qui abrite une station "gonio" pour diriger les avions.

 

Seule une surface de 100 m2, est disponible sur ce piton rocheux avec des à-pics impressionnants, un petit baraquement en pierre avec terrasse plate, les fenêtres masquées par des sacs de sable, une seule piste en terre et rocher donne seulement l'accès à un véhicule militaire Dodge 4x4 une fois par semaine pour le ravitaillement et le gasoil du groupe électrogène qui tourne en permanence.

 

tenespiton2-001.jpg

Le poste haut.  Photo Claude Guy.

 

Un poste de tir protégé par des sacs de sable pour le fusil mitrailleur est installé sur la terrasse pour les gardes de nuit.

Une guérite avec un garde armé protège l'entrée du poste, les gardes se succèdent toutes les deux heures, c'est monotone.

 

 CAP TENES LE PHARE

Le poste bas est bien visible à l'est du phare.

Le poste haut est à la pointe rocheuse la plus haute.

Photo site 22 RI.

 

caserneetphare.jpg

Le poste bas, un carré visible sur la droite du phare.

Photo Claude Guy.

 

Un bouc fait partie de l'effectif et de nos dérivatifs, il est remarquable pour voler les pommes de terre du cuisinier et partir les déguster, les quatre pattes posées sur la pointe d'un rocher inaccessible. Il doit avoir un ancêtre chamois !

 

Guyavecbouc.jpg

Avec le bouc au poste bas. Photo Claude Guy.

 

Dans la nuit les chacals viennent manger nos restes de repas : c'est l'occasion de tirer  et de réveiller tout le monde, il suffit de dire "j'ai vu bouger dans les rochers et j'ai tiré", tout le monde saute du lit puis retourne se coucher en maugréant ; c'est un dérivatif fréquent, ainsi que le tir des vautours qui tournent en rond toute la journée sur nos têtes, parfois ils se posent sur une arête rocheuse.

 

J'ai l'occasion d'en ajuster un au fusil Mas 36 et le laisse sur place avec un tir à 200 mètres, je souhaite le récupérer et pars attaquer l'escalade des rochers presque verticaux à mains nues sans équipement, j'arrive sous le surplomb mais ne peux atteindre ma proie, un regard en dessous m'inquiète, je suis très haut: trente à quarante mètres, mes jambes commencent à trembler, je dois maîtriser cette appréhension avant d'attaquer la descente qui fut très longue, il et plus facile de monter que de descendre.

J'ai enfin réussi à en tuer un au vol sur nos têtes, il mesure 3,50 mètres d'envergure mais il est intouchable tant il pue la charogne.

 

vautour-001.jpg

Le vautour. Photo Claude Guy.

 

Un avion de chasse T6 vient régulièrement nous rendre visite en vol, au ras du poste à notre hauteur, nous échangeons un signe d'amitié et il repart.

 

T6tenes-001.jpg

T6 en observation du secteur. Photo Claude Guy.

 

J'apprends par un sous officier comment s'est effectuée l'embuscade précédente du mois de septembre 1958, 5 morts. Les soldats montaient le matin avec le soleil dans les yeux pour approvisionner le poste haut et sur un mamelon les rebelles attendaient cachés derrière les rochers. Des tirs violents éclatent, tout le monde se jette à plat ventre et riposte, les rebelles se retirent, le sous officier de carrière présent est décoré.

 

Cà devient de la routine, toutes les semaines ou les 15 jours, je ne me souviens plus, nous nous rendons en convoi à Ténès depuis le poste bas pour nous approvisionner, faire les courses personnelles et pour beaucoup en fonction de nos moyens, aller à l'église !!..

Nous sommes la plupart équipés d'un pistolet mitrailleur Mat 49, avec les deux sacoches de chargeurs, c'est encombrant pour aller prier !!... un collègue doit garder l'arme.

 

mat49-001.jpg

Pistolet mitrailleur Mat 49.

 

Un half-track, équipé de deux mitrailleuses jumelées, ferme le convoi et, en raison des risques d'embuscade, un avion de chasse T6 vient survoler la colonne de 6 à 8 véhicules en moyenne composée de DODGE 4x4, GMC, Jeep.

 

La vie est monotone ; nous sortons rarement du poste, la pêche à la grenade le long des falaises nous permet d'avoir du poisson frais mais avec l'obligation de sauter à l'eau attaché à la taille par un fil pour être récupéré dans les vagues avec le poisson.

 

A-table-au-poste-gonio.jpg

Repas au poste haut quelques jours avant l'embuscade.

 

Un ami Maurice L.., servant l'une des mitrailleuses de l'half-track part en permission, je me propose de suite pour prendre sa place dont l'avantage est d'être porteur d'un pistolet 9mm moins encombrant pour circuler en ville et nous rendre à l'église!!...

 

Le convoi se met en route et serpente sur la piste pour aller au ravitaillement et récupérer un militaire condamné à quelques jours de tôle à Ténès.

 

Nous arrivons au centre ville et pendant le chargement nous en profitons pour faire nos courses personnelles et finir à notre lieu de culte habituel qui n'avait pas la qualité de ceux d'Alger… mais nous sommes déjà en retard sur l'horaire. Vite nous courrons vers le convoi, l'adjudant est en rogne, nous sautons dans notre engin blindé et, pour la première fois, il nous fait passer les premiers. Décision d'humeur qui m'a sans doute sauvé la vie.

 

L'avion de chasse T6 n'est pas au rendez vous.

Nous sommes en fin d'après midi le 9 janvier 1959, les véhicules serpentent dans la montagne , le côté droit de la piste est déboisé sur une vingtaine de mètres et à gauche un talus, parfois une murette et des bois.

Quand tout à coup, c'est une cadence de tir impressionnante en notre direction, le véhicule Dodge qui nous suit est le premier touché par une mitrailleuse postée en hauteur à environ cent mètres ; le chauffeur à la tête dans le volant, deux soldats sont morts dont Michel Lacassin sans arme assis derrière le chauffeur, d'ailleurs des taches de sang apparaissent sur la photo du 4x4, je vois le sergent Dousset Marcel s'éjecter et passer devant le véhicule pour sauter en bas de la route, il prend une rafale dans le dos et s'écroule. Il prendra dans la mort une teinte noire que je n'ai jamais observée parmi tous les morts qui ont jalonné ma vie, je lui fermerai les yeux. Le lendemain je compterai une vingtaine d'impacts de balles dans le 4x4.

 

4x4-dodge.jpg

Photo du Dodge 4x4 qui nous suivait, prise le lendemain.

Les ronds à la craie entourent les impacts de balles. Photo Claude GUY.

 

Dès la première détonation, j'ai armé la mitrailleuse à deux tubes et arrosé la lisière d'où venaient les tirs, la deuxième mitrailleuse, servie par un soldat de la marine, a fait de même; les soldats ont sauté dans les broussailles sous la route et commencé à tirer avec leurs armes individuelles. Notre chauffeur, paniqué à sauté dans les bois et disparu.

Sans chauffeur, je saute au volant pour reculer et essayer de donner un coup de main aux collègues dans les véhicules qui nous suivaient, mais nous ne pouvions pas voir le reste de la colonne, nous étions dans une courbe et très vite bloqué par le 4x4 et le corps du sergent. Nous sommes contraints de rester en position. Nous sommes pris à partie par des tirs directs, les balles sonnent contre les tôles de l'engin.

Les mitrailleuses nous posent des problèmes de chargeurs (dit camemberts car circulaires) les balles rentrent de travers et nous devons bricoler, ce n'est pas le meilleur moment pour la mécanique.

 

Des gendarmes mobiles, dans leur caserne de Ténès, alertés par les détonations sont venus au bout d'une demi-heure, nous donner un coup de main, équipés de véhicules blindés, dès que j'ai entendu les canons qui les équipent se mettre en action, j'ai senti un soulagement car j'étais persuadé que c'était la fin pour nous. (Avec une balle de 9mm toujours dans la poche, je ne serai pas pris vivant, nous avions connaissance des tortures infligées).

 

Ils remontent la colonne en tirant, un lieutenant saute de son engin et déplace les morts étalés sur la piste pour faire passer les engins, ils arrivent jusqu'à nous et nous disent "beaucoup de dégâts".

Je demande à l'un des premiers "sauveteurs", des munitions pour mon Mac 50, mes chargeurs sont vides, il me donne un de ses chargeurs de Mat 49 pour me réapprovisionner en 9mm.

 

Je vais constater les dégâts et vois un sergent blessé par une balle qui a percuté la crosse de son pistolet mitrailleur en bloquant la sécurité et en lui coupant un doigt, il me dit : "je l'ai échappé belle, plus d'arme, j'ai sauté du camion et me suis enfilé sous le pont arrière du 4x4, j'ai fait le mort, un fellous a lâché une rafale et m'a pris par les pieds et tiré hors du véhicule, ensuite il a récupéré mes lunettes et ma montre".

En l'observant je constate que 2 balles ont traversé ses vêtements sans le toucher, il revient de loin.

Je pense que cette boule de feu autour de l'half-track à dissuadé les fells de nous prendre d'assaut pour récupérer les armes du 4x4, le seul véhicule que nous pouvions voir.

 

Cette embuscade bien montée fait mal; "les fellous" sont repartis avec des armes mais pas de grenades. Nous n'en sommes pas équipés car par expérience elles sont utilisées pour les attentats en ville.

Sauf que pressentant une attaque, à ma demande, discrètement l'armurier m'avait remis une grenade défensive que je n'ai pas eu à utiliser.

 

L'adjudant Chapoulot commandant le poste est mort : il conduisait le dernier véhicule, une jeep où était concentré le maximum de tirs, habituellement c'était l'half-track qui fermait la colonne, le soldat à sa droite qui l'accompagnait, équipé d'un fusil mitrailleur est lui sérieusement blessé au bras, il a jeté son arme dans les fourrés et à rejoint la ville par les bois, nous récupérerons l'arme le lendemain, à l'arrière le soldat Bertaux Bernard est sauf, sa Mat 49 à fait office de bouclier et le gardien du phare André Dominici est mort.

 

Un vieil arabe et un enfant arrivent sur la piste, l'adulte ne pouvait pas ne pas être alerté par ce qui venait de se passer : certainement envoyé pour constater les résultats de cette attaque, il va passer un très mauvais moment.

 

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Photo d'un half-track prise dans la base. Photo Claude GUY.

 

Les blessés sont rapidement évacués vers les services sanitaires.

Les morts chargés dans les véhicules et les camions retirés des fossés et remorqués à Ténès où nous passerons la nuit dans une caserne de l'armée de terre.

 

Le bilan est lourd, huit morts, de nombreux blessés, des armes récupérées par les rebelles qui ont donné l'assaut après les premiers tirs très meurtriers, des véhicules sont inutilisables.

 

Nous ne reverrons plus les blessés, et resterons sans nouvelle d'eux, la vie continue.

 

Les morts seront réunis à Ténès pour une cérémonie funèbre, un lieutenant colonel beau frère du sergent Dousset sert la messe (sous réserve, enregistré dans mes neurones), nous sommes au garde à vous, et je promets de…..

 

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Cérémonie funèbre, je suis dans l'angle de la pièce. Claude GUY.

 

Le lendemain matin, nous rejoignons notre poste escortés par les véhicules blindés de la gendarmerie mobile.

 

retourpostetenes2-001.jpg

    Photo du retour à notre poste le lendemain. Claude GUY.

 

retourtenes2-001.jpg

Lieu de l'embuscade, l'half-track se trouvait au sommet et le 4x4 dans la courbe. Claude GUY.

 

Très rapidement la décision est prise par l'état major d'évacuer ces deux postes définitivement.

Les hélicoptères Sikorsky en vol stationnaire, il n'y avait pas de place pour se poser, se chargent de transporter le matériel du piton au poste du bord de mer que nous rejoignons tous.

 

evacuationtenes-001.jpg

 

hélicotenes 001

     Les Sikorsky en action.

 

Je dois rejoindre un hélico avec paquetage pour évacuer, et rejoindre la base principale pour une nouvelle mutation : c'est le survol des montagnes et nous rejoignons la plaine de la Mitidja.

 

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Hélico au départ de Ténès. Photo Claude GUY.

 

L'armée dans sa grande mansuétude ! M'accorde une permission de 8 jours pour la France. Notre embuscade est mentionnée dans les journaux métropolitains, quelques blessés parmi les forces de l'ordre (il ne faut pas apeurer la population et donner des informations au FLN).

 

Un peu d'humanité dans ce monde de brutes !

 

Je rejoins la maison de mon père veuf, il est absent : je l'attends devant la maison et l'aperçois qui monte lentement sur le trottoir. Soudain il se fige sur place en me voyant, la veille la gendarmerie venait de lui annoncer ma mort en Algérie, c'est la seule fois que j'ai vu pleurer mon père….. (La grande muette fait parfois des erreurs, je lui pardonne).

 

Je retrouve ensuite ma vieille grand-mère Philomène qui est à l'hôpital, c'est elle qui m'a élevé, elle est heureuse de me voir, elle est très proche de sa fin de vie, en est consciente mais me dit ne rien craindre. Très croyante elle est convaincu d'être attendue par son Dieu.

Après avoir subi toute cette période, mon Dieu personnel déjà en filigrane, en a pris un sacré coup.

 

Ma grand-mère bénéficiait d'une petite pension qu'elle distribuait autour d'elle. Elle cherche dans les replis de son lit d'hôpital et me tend un billet de 10 000 francs (1959); "Je savais que tu viendrais (Dieu avait dû la prévenir) et je t'attendais pour te les donner", je l'embrasse et éclate en sanglots, la mort est toujours présente autour de moi, le "guerrier" se lâche après ces périodes difficiles.

 

Elle décèdera trois mois après, le 12 avril 1959.

 

Retour de permission.

 

L'armée veut toujours des responsables concernant la dernière embuscade, le sergent décoré depuis peu est mis en cause : il aurait dû donner l'assaut comme il restait le plus gradé et le plus ancien. Ce serait à éclater de rire si ce n'était pas si grave. Il sera traduit devant le tribunal militaire, et je serai cité comme témoin avec le chauffeur et un autre soldat. Le général VEISS sera son avocat.

 

Je suis super révolté.

 

Son avocat nous dit : "vous ne pouviez pas agir autrement ce type d'embuscade bien préparée est toujours très meurtrière".

 

Je suis cité, on me donne la parole, je dis des choses désagréables.

 

Un grand silence, on me demande de sortir, un lieutenant colonel vient me voir dehors et me dit entre les dents: "GUY nous nous retrouverons".

 

Je n'en avais rien à faire, j'étais un appelé…..

 

….Il me sera difficile de croire à la justice militaire.

La plaidoirie  de son avocat n'avait rien changé.

 

Ces massacres sont l'occasion pour l'état major d'organiser de grosses opérations dans cette région avec le 1er REP, le commando Vietnamien et le 22ème RI. Ils feront un excellent travail, 67 rebelles abattus dont le chef dénommé Menouar, les mitrailleuses qui avaient participé à notre attaque ont été récupérées : il me semble des MG à hautes cadences de tir (1200 coups minute), les rebelles étaient mieux équipés que nous.

patrouilleguy-001.jpg

Pas de graisse excédentaire. Photo Claude GUY.

 

Dans mes mémoires réservées à ma famille, je parle souvent d'équipe, les hommes se protègent entre eux avant toute considération politique.

Comme dans toute guerre, il y a des moments difficiles mais aussi des périodes de fêtes parfois excessives;

 

Je quitterai l'armée en mai 1960 et resterai en Algérie pour créer avec quelques amis des activités commerciales.

C'est une autre aventure…. Qui se termine le 3 juillet 1962 dans l'anarchie, et les meurtres les plus horribles….

Rentrée en France difficile, j'ai 28 ans, plus d'argent mais la vie sauve…

 

En fonction des circonstances, l'homme est capable du meilleur et du pire, il est inutile de rechercher dans le passé, c'est toujours d'actualité.

 

 

J'ai clos mes mémoires par ce paragraphe.

 

 

Synthèse partielle du déroulé d'une vie, il sera fait abstraction de toute critiques vis-à-vis des personnes à tous niveaux rencontrées, des proches et des moins proches, je n'ai pas de compte à régler, la fin est proche.

 

Si les sentiments ne sont pas exprimés, ce sont peut être les traumatismes de l'enfance, ou de l'atavisme, ils sont néanmoins présents.

 

De ce long parcours fait de joies et de drames je retiendrai que la vie de chacun est faite de beaucoup de hasard et qu'il ne faut jamais choisir la voie la plus facile, elle est très encombrée.

 

 

                                               21/12/2012   Claude GUY

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commentaires

F
effectivement, il y avait un Algérien parmi les morts de l'emuscade
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X
ya pas parmi les morts un arabe ???
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