HARCELEMENT DE LA VILLE DE TENES
LE 15 SEPTEMBRE 1957
Le 15 septembre 1957, au mess des officiers, il faisait nuit et le dîner était déjà bien avancé, lorsque des coups de feu nourris ont été tirés en ville. Immédiatement le Colonel demanda au sergent responsable du mess de mettre tous ses hommes aux postes de combat et d'assurer notre sécurité. Renseignement pris, la ville de TENES était attaquée par les H.L.L. le Colonel m'appela à sa table, et me demanda:
1- De rejoindre immédiatement la caserne pour en prendre le commandement, et en assurer la protection.
2- Envoyer les blindés pour dégager les officiers du mess.
3- Patrouiller en ville pour lui rendre compte de la situation.
Je prenais immédiatement ma jeep, et tous phares éteints, je regagnais la caserne. En route j'apercevais des pieds noirs à leurs fenêtres avec leurs armes. Ma carabine sur le siège, je n'en menais pas large. Arrivé à la caserne je convoquais mes sergents qui étaient déjà sur le qui-vive. Je demandais au sergent de service de placer tous les militaires à leurs postes de combat en leur demandant toutefois de ne tirer qu'en cas d'extrême nécessité. Je fis rentrer derrière les grilles la sentinelle qui montait la garde dans la guérite car elle était trop exposée. Au second sergent, de partir avec les deux half-tracks et leurs équipages, et de rejoindre le mess pour dégager les officiers. Quant à la patrouille en ville, j'en fis l'impasse, il n'était pas question de se balader dans les rues au risque de se faire tirer par les U.T. Je ne sais pas comment mon sergent chargé de se rendre au mess avait compris mes ordres, toujours est-il qu'arrivé à proximité du mess, il fit tirer les deux mitrailleuses des half-tracks ! Les croyaient-ils assiégés ? Dans le mess ce fut l'affolement, tout le monde le révolver à la main, attendait l'assaut. L'histoire me fût contée par mes copains qui n'en rirent que le lendemain. Je ne vous raconte pas le rapatriement dans les half-tracks, tous les officiers assis au plus bas pour ne pas s'exposer à l'ennemi. Nous en avons bien ri plus tard. Quant aux "fells", je n'en ai pas vus ce soir là.
S.Lt Michel FETIVEAU