DE L’ESPRIT D’INITIATIVE…. ET DU CRAN…. !
EXTRAIT DU DAHRA JOURNAL DE LIAISON DU 22ème R.I.
Nous sommes le samedi 26 octobre à 17 heures à MONTENOTTE. Le convoi de la 7ème Compagnie est presque prêt à partir. Je dis presque, parce qu’au dernier moment la course à travers les bureaux s’accélère. Il ya le plein des véhicules, la visite aux « Trans », pour essayer « d’arracher un poste ou une antenne courte », une dernière visite au Major. Finalement le convoi se met en mouvement alors que la lumière possède déjà cette couleur caractéristique des couchers de soleil. A peine démarré le convoi s’arrête pour permettre au major, Chef de convoi de satisfaire un petit besoin. Détail superflu dira t’on, non car ces deux minutes auront comme on le verra, une certaine importance. Le personnel du convoi si on sort l’élément d’escorte ( un groupe mixte de la première section, Sergent CORNUAU) est assez hétéroclite. Nous trouvons là sans vouloir les vexer tous les « Chevaliers du porte plume, de la louche et du matériel ». Le sergent SANTOS est un ancien aussi, qui noyé dans les pantalons des treillis et autres accessoires n’en oublie pas pour autant qu’il est combattant. Il y a le gérant du foyer de la popote, il y a surtout des jeunes appelés qui se laissent aller au doux rythme du G.M.C. « bercé » par les cahots de la route nationale 19.
MONTENOTTE s’estompe et le convoi attaque la rampe et les premiers lacets. Soudain au détour d’un virage le 4 x 4 stoppe et tout de suite les 2 Fusils Mitrailleurs crachent : le car des messageries MORY est là, en flamme, les passagers sont alignés sur la route : tout autour, l’arme au poing, une quinzaine de Hors La Loi en uniforme, fouille, dévalise, pille, s’apprête à tuer. Dés les premières rafales, sans chercher à mesurer leur adversaire, ils fuient désespérément , abandonnant tout : colis, sacoche, etc….. Le Major PERILLAT distribue les missions ; SANTOS aux véhicules, SABARTHES au P.C. Bataillon. ( Il emprunte d’ailleurs pour remplir cette mission le camion des gendarmes d’HANOTEAU ). L’escorte déjà à terre , bien emmenée par les sergents CORNUAU et ROUSSEAU, commence à entamer avec les H.L.L. une longue course qui se poursuivra sur près de 2 kilomètres, les « arrosant » pour les ralentir. Ceux-ci emploient toutes les ruses pour essayer de se désengager. Ils empruntent les thalwegs, mettent des cachabias, tirent, font semblant de se cacher. Rien n’arrête l’élément de poursuite, ni la riposte, ni la fatigue ( ils sont à bout de souffle ), ni le manque de munitions qui commence à se faire sentir. Et la récompense arrive : 2 Hors La Loi, épuisés, blessés, sont atteints mortellement. Ils laissent entre nos mains : 1 Pistolet Automatique, et une STEN, sans compter les documents, chargeurs, brelage, à croire que nos gars ont choisi leur cible. Il s’agit d’un chef de section et de son garde du corps, et de plus il y eut 4 blessés chez les rebelles.
Entre temps la nuit est tombée à la faveur de laquelle les Hors La Loi vont pouvoir s’échapper, transportant leurs blessés malgré l’intervention rapide des renforts. Mais une minute de plus Major, et les Hors La Loi réussissaient leur coup…….
Nos gars reviennent et apercevant la route qu’éclaire le car en flammes, ils poussent un triple Hurrah ! en brandissant leurs trophées. La preuve est faite s’il en était encore besoin que nos jeunes appelés du 22ème R.I. quand ils ont la chance d’accrocher y vont de tout leur cœur. Cette chance encore faut-il savoir la saisir et cela les gars de la 7ème Compagnie l’ont fait à pleines mains.
Le Sous Lieutenant PENE, Commandant
La 7ème Compagnie
N.D.R.L.- Et nous ajouterons pour compléter cet article que le lendemain matin dés l’exploitation des documents récupérés, un avion était envoyé à 20 kilomètres à l’Est dans le BISSA pour découvrir des convois de blessés. Et en fin de matinée, victoire ! l’avion donne ce renseignement, ce qui est l’occasion pour le commando de la C.C.A.S./2 de se distinguer en mettant hors de combat la moitié de cette même section rebelle qui avait attaqué le car la veille. En voilà qui ne recommenceront pas de sitôt !…...
Le texte m’a été communiqué par Albert ROUSSEL.