Récit de l’embuscade du 28 février 1957 dans la région de DUPLEIX
Extrait du DAHRA , journal de liaison du 22ème RI.
Récit du chef du 1er Bataillon CAILHOL
Le 28 février 1957, un convoi de ravitaillement et de liaison est accroché par une importante bande de rebelles vers 13 heures 40 sur la piste conduisant du poste de BOU YAMENE, où est implantée la 2ème Compagnie du bataillon, au village de DUPLEIX.
Le convoi, après avoir rempli sa mission, avait quitté BOU YAMENE vers 13 heures et bénéficiait de l’appui observation d’un « MORANE 500 ».
Le convoi est fort, en tout de quinze véhicules dont deux blindés et de cinquante huit combattants.
Le capitaine BOYER, commandant la CCAS du bataillon est le chef de convoi. Il a pris place dans une jeep en tête de convoi. Le sous lieutenant CHRISTINI Chef de la section d’appui, commande l’élément de queue ; les liaisons radio, à l’intérieur du convoi, fonctionnent normalement par SCR 536.
A mi-chemin environ, l’embuscade est préparée. Au signal du chef H.L.L un feu nourri se déclenche sur les véhicules de tête, puis sur l’ensemble du convoi. Presque immédiatement le capitaine BOYER est tué, et le « MORANE 500 » abattu.
Le sous lieutenant CHRISTINI regroupe alors les trois derniers véhicules autour du H.T. et ouvre un feu violent d’armes automatiques sur les H.L.L.
A deux reprises, les rebelles donnent l’assaut au petit groupe qui résiste ; mais ils sont brisés par le feu nourri des nôtres. Au troisième assaut les rebelles hurlant et jetant des grenades réussissent à submerger les véhicules précédant l’élément de queue, mais ils ne peuvent aller plus loin .
A ce moment, les rebelles maitres du Scout-car de tête ouvrent un tir de mitrailleuse sur le petit groupe d’hommes qui résistent désespérément. Le sous lieutenant CHRISTINI, admirable de courage et d’audace, servant lui même de la mitrailleuse 12.7 du half-track réussit à disperser les H.L.L. qui pillent la partie visible du convoi.
Quinze à vingt minutes plus tard, la section du lieutenant CHRISMANN, le Capitaine MEDY Commandant la 3ème compagnie arrivent en renfort, et dégagent les survivants. Les H.L.L. se replient et se dispersent emportant leurs blessés et leurs morts.
Outre l’élément CHRISTINI, sept à huit occupants des véhicules du centre regroupés au dessous de la piste ont réussi à tenir et à abattre plusieurs H.L.L. récupérant une de leurs armes. Le bilan de l’engagement est sévère : Vingt sept soldats du 1/22 RI, dont le Capitaine BOYER, chef de convoi, et l’adjudant-chef GUEGUEN de la 2ème Compagnie, ainsi que quinze blessés sont relevés, dont deux devaient mourir à l’hôpital MAILLOT quelques jours plus tard. En tout 30 morts de notre côté, dont le pilote du MORANE 5OO.
Mais les pertes H.L.L. sont lourdes : au cours de l’engagement et des opérations déclenchées le jour suivant, plus de soixante rebelles réguliers auraient été abattus grâce au courage des nôtres, et parmi eux le chef rebelle lui même qui dirigea l’embuscade.
Les H.L.L. malgré les lourdes pertes infligées au convoi n’ont pu rester maitres du terrain et grâce à l’admirable courage des nôtres, ils ont vu leur victoire initiale transformée en échec.
Le Chef de Bataillon CAILHOL.
Le 22ème Régiment d’infanterie à payé un très lourd tribut lors de la guerre d’Algérie. Les rebelles de la willaya 4 avaient bénéficié de l’armement soustrait à l’armée par l’ aspirant MAILLOT lors de sa désertion. A la suite de l’embuscade des gorges de PALESTRO et de son exploitation par la presse, un black-out complet fut institué par les autorités militaires, et ces faits furent totalement occultés dans les journaux métropolitains. Seuls les Maires avaient la triste tâche d’informer les familles du décès de leur enfant. A cette époque la vie d’un jeune Français n’avait pas la même valeur qu’aujourd’hui.