L'EMBUSCADE DU 04 MARS 1959
SUR LA ROUTE DE FRANCIS GARNIER
Le récit de cette embuscade m'a été communiqué par Robert PARADINAS qui se trouvait en poste à l'époque à MONTENOTTE.
Je lui laisse la parole.
Ce jour là, après une vaste opération infructueuse à l'ouest de MONTENOTTE, en fin d'après midi, la 5ème Compagnie qui regagnait son cantonnement à FRANCIS GARNIER, s'est arrêtée pour souffler un peu, remplir les bidons et peut être faire un débriefing au bureau du commandant de MONTENOTTE.
Le convoi a stoppé juste devant le service de l'approvisionnement. J'en ai profité pour saluer des camarades et en particulier Philippe SENCE avec lequel j'avais fait mes classes à BLOIS. Il m'a présenté son chef de section, un sergent chef dont il était l'adjoint.
Ce convoi est reparti en direction de TENES alors que la nuit approchait. Dans l'heure qui a suivi, nous avons appris que le convoi était tombé dans une embuscade dans la partie la plus sinueuse de la route entre TENES et FRANCIS GARNIER.
La nuit était tombée, et nous avons vu les bombardiers survoler la zone et parachuter des lucioles. Nous ne pouvions qu'assister impuissant aux va et vient des avions.
Dans la nuit, je ne me souviens plus de l'heure ! les rescapés du convoi sont revenus à MONTENOTTE. Pas question de poursuivre sur FRANCIS GARNIER, et pas de possibilité d'hébergement à TENES, où logeaient de nombreuses unités en opération sur le secteur.
A MONTENOTTE un habitant à mis un hangar à leur disposition, le service de l'approvisionnement a distribué des rations et la harka montée a fourni la paille pour passer une nuit plus confortable.
Dès leur retour, je me suis précipité vers les rescapés pour avoir des nouvelles de mon camarade. J'ai retrouvé son chef de section qui m'a appris la mauvaise nouvelle. Philippe avait été évacué sur l'hôpital MAILLOT à ALGER, il avait pris une balle dans la tête.
Ce n'est que tout récemment que j'ai appris par l'une de ses nièces qui recherchait des témoignages sur cette embuscade que Philippe avait survécu à cette terrible épreuve.
Le hasard faisant bien les choses, (le bien étant de trop dans de telles circonstances), j'ai déjeuné l'année écoulée avec un des rescapés de cette embuscade. Il était chef de bord de l'half-track de tête. Dès le début de l'attaque son chauffeur à été tué d'une balle dans la tête. Le blindé à piqué du nez dans le fossé et s'est trouvé neutralisé avec sa mitrailleuse inutilisable. Ce témoin traumatisé n'a pas voulu m'en dire plus.
J'ai recueilli un second témoignage d'un militaire du contingent qui se trouvait en poste à TENES, et qui est intervenu le lendemain matin sur le lieu de l'embuscade. Il m'a situé celle-ci dans le premier virage à environs 2 kilomètres de TENES. C'est pour le moins surprenant quand on sait que sur cette sortie de la ville stationnaient, les gardes mobiles avec leurs EBR, et les commandos "viets" qui pouvaient donc intervenir très rapidement. Je n'ai donc pas situé sur la carte d'état major ci-dessus le lieu précis de l'embuscade, mais la zone dans laquelle elle est vraisemblablement intervenue, qui est matérialisée par 2 flèches jaunes. De surcroît ce dernier témoin m'indiquait qu'il avait vu un EBR au fossé. Je pense qu'il s'agissait en fait de l'half-track, le témoignage du chef de bord ne pouvant pas être mis en doute.
Cette embuscade fut très meurtrière, et on déplora 14 morts dont 10 harkis et plusieurs blessés.
Quant aux fellaghas je ne possède aucune information sur d'éventuelles pertes. Profitant de la nuit, ils décrochèrent très rapidement et à ma connaissance ne furent pas retrouvés.
D'avance je remercie tous ceux qui pourraient me communiquer de nouveaux éléments sur cette embuscade.
Michel.